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08/07/2012

Vive l'absence de notoriété !

Vive l’absence de notoriété !

  

    Comme c’est agréable et confortable de n’être qu’un « petit » auteur ! Je sais de quoi je parle : j’appartiens à cette confrérie. Vous ne pouvez guère vous imaginer tous les avantages que donne le statut d’obscurité.

   D’abord, au cours des salons littéraires, nous ne sommes pas assaillis par des nuées d’admiratrices ou d’admirateurs, venus à la rencontre de l’idole. Cela nous repose et nous laisse tout loisir d’observer et de décrire les ridicules de nos congénères, éternelle source de cruels plaisirs.

    Les journalistes ou les animateurs à la parole très animée interrogent, avec le sérieux de l’ignorance, les vedettes nécessairement blasées par le succès. Personne ou presque ne les comprend, tant le tintamarre nous assourdit, mais de cela nul ne se soucie puisqe,  même si elles n’ont rien dit, elles ont parlé. Une célébrité qui « s’exprime » ne peut tenir que des propos intelligents et profonds, c’est bien connu.

    Auteur obscur, nul ne vous demande votre avis sur quoi que ce soit, parce que votre absence de notoriété prouve que vous n’avez rien à dire. Salutaire silence ! N’économisez-vous pas votre salive, donc aussi la dépense qu’occasionnerait l’ingestion de breuvages désaltérants, réhydratants et stimulants. Ne parlons pas de la fatigue causée par l’obligation de se labourer les neurones.

     Le rang subalterne de petit auteur est comparable à celui du figurant qui, dans les studios de cinéma, joue un rôle muet. Les sans-gloire fournissent les bataillons serrés de ceux de qui l’on attend qu’ils soient présents de corps et rien de plus.

    Jamais un critique littéraire ne lira nos livres. Par conséquent, il ne les lardera pas non plus de fausses analyses, basées uniquement sur des arguments spécieux.

    Seuls vos amis et votre famille achètent vos lamentables bouquins et ne vous en disent, généralement, que du bien. Comme vous ne gagnez pas un sou à ce jeu de dupes, vous n’en versez pas plus au percepteur.

    Ne vous avais-je pas dit que le statut de petit auteur est agréable et confortable ? 

09:33 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

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