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20/04/2019

Notre-Dame -de-Paris

Extrait de Réflexions pour mal dormir, chapitre « Perfidies volontaires et néanmoins véridiques, article numéro 145 ».

 

Mardi 16 avril 2019

 

   Hier soir, Notre-Dame-de-Paris brûlait. Notre jeune, brillant et bouillant Président, Emmanuel Macron, aurait dû s’adresser à la Nation et nous offrir un échantillon de l’exercice appelé « l’allocution présidentielle ». L’utilité de l’adjectif est discutable, puisqu’au pays de Rabelais, Descartes, Molière et Voltaire, seul le Chef de l’État prend les risques inhérents à la chose, dont le premier, le principal, consiste à subir une volée de bois vert, dès qu’il s’est tu.

    Soyons clair : il a tort avant d’avoir parlé. Les arguments de l’opposition (et peu importe sa coloration) nous sont d’avance si connus, que j’ai décidé de ne plus même les écouter. La gauche et la droite se répartissent des rôles stéréotypés, dont les répliques ne varient guère. Les baratins ne nous sont que trop familiers, connus d’avance.  

   Le désastre a incité le Président à reporter ses aveux ou son discours d’auto-accusation à plus tard. Notre-Dame, devenue torche illuminant l’île de la Cité, c’était la nouvelle qui, du point de vue franchouillard, devait éclipser toutes les autres. Je doute qu’une catastrophe humanitaire, s’il s’en était produit une au cours de la même soirée, aurait autant suscité d’attention.  Beaucoup de peuples souffrent de nombrilisme, mais certains sont plus doués que d’autres pour le narcissisme national.  

   Je ne nie pas que l’incendie fût grave, ni que cela m’ait affecté, comme n’importe quel amateur d’architecture. Par contre, la manie médiatique de nous rebattre les oreilles, de rabâcher, puis radoter sur un seul et même sujet, de le délayer jusqu’à nous flanquer l’écœurement, la nausée, cela m’insupporte au plus haut point, comme tout autre personne ennemie de l’exagération.

   Soudainement, vous ne pouvez plus échapper à « l’événement », que la logorrhée transforme en spectacle. Allumez le poste de radio, le téléviseur, toutes et tous ne parlent plus que de ça. Nos bavards impénitents appellent ces monomanies provisoires des « éditions spéciales ». Il leur faut, absolument, suivre le déroulement minute par minute. Pas un détail ne doit leur échapper. Les chaînes concurrentes se disputent l’audimat, donc la publicité, activité purement parasitaire, mais qui garnit le tiroir-caisse.

    Le foisonnement des précisions et les innombrables redites ne leur suffisent pas. Ils veulent de l’émotion, ils incitent le public à produire des kilogrammes, des quintaux, des milliers de tonnes émotionnelles. Très sérieux, ils interrogent diverses personnalités, mais aussi des inconnus de tous âges, afin de savoir ce qu’ils « ressentent ». Ah, le « ressenti », l’une de nos coqueluches du 21e siècle, à tel point que même la température connaît deux stades, le réel et le « ressenti ».

   Que peuvent dire les gens ? Qu’ils sautent de joie ? Qu’ils se congratulent ? Qu’ils vont aller fêter le désastre au champagne ? Ou même qu’ils s’en contrefoutent comme de leur premier bavoir ?

    Ces Messieurs-Dames n’informent plus ; ils étalent des couches épaisses d’émotions, de larmoiements étudiés, sur une fine tartine de faits bruts. Ils nous fourrent de la mayonnaise ou, pire encore, cent fois pire, du beurre de cacahuètes, à pleines louchées jusqu’au fond de la gorge. Ils nous gavent de leur indigeste bouillie émotive. Pour ce qui me concerne, ils me soulèvent l’estomac, me le mettent à l’envers, et j’ai bien envie de renvoyer la marchandise à la figure des expéditeurs.

   Tout comme le soir de la tuerie à Charlie Hebdo, puis les quarante-huit heures qui suivirent : feuilleton ininterrompu, quitte à friser le ridicule, ou patauger dans le grotesque. Le personnel est retenu, dans une entreprise, jusqu’à ce que la police ait liquidé les terroristes. On ose demander à une employée ce qu’elle « ressent ». Faudrait-il qu’elle se déclare joyeuse, parce qu’il ne se passait rien dans le secteur, et qu’elle s’ennuyait ?

    Même si ce n’est que pour nous répéter, une énième fois, que la poulaille encercle l’imprimerie où les deux djihadistes se sont barricadés, ils nous infligent à nouveau un « point sur la situation ».

    Ah, l’émotion, aussi que suscita le décès de ce cher Johnny Halliday ! On aurait pu croire que nous avions perdu le plus précieux des Français. L’hystérie collective gagne de proche en proche. On veut devenir partie prenante d’un « drame national », « communier » avec le peuple, se fondre parmi les flots du déferlement populaire. Comme, aussi, bien que d’une autre façon, les rares fois où la France gagne la Coupe du monde de football : « unité nationale retrouvée, ferveur populaire, etc. ». Des inconnus s’embrassent dans la rue, ils tombent dans les bras l’un de l’autre, ils pleurent ou rient, selon le cas. Et l’on s’émeut d’assister à tant d’émotion… Moments « privilégiés » ! Le reste de l’année, figures d’enterrement,  chacun fuit  l’Autre, l’évitement sert comme règle de survie.

    Que dire, aussi, de l’accident mortel de Lady Diana, et du délire que cela provoqua, outre-Manche ? Dans nos sociétés matérialistes, « consuméristes », où la croyance religieuse se trouve de plus en plus reléguée à l’arrière-plan, malgré les tentatives de retour en force de quelques bandes d’agités bardés de certitudes théologiques, l’imbécilité jamais à court de balivernes se donne de nouvelles « idoles ». Une presse à deux sous entretient des légendes pleines d’inanité. Amour, gloire et beauté, trilogie d’une nouvelle variété d’idiotisme, que résume l’anglicisme « glamour ».

    Foule, animal à l’incommensurable bêtise, à l’insondable stupidité, manœuvrable à merci ! Afin de préserver notre lucidité, tenons-nous le plus possible à l’écart du monstre à millions de pattes. Il y va de la santé de notre intelligence. Les laineuses bestioles de Monsieur Panurge ont trop d’émules.  

   Mesdames, Messieurs les journaleux, accomplissez avec plus de sérieux votre tâche : nous informer. Cessez de travailler pour l’industrie du mouchoir en papier. Nos corbeilles débordent et nos nez rougissent, d’avoir été trop souvent mouchés.

   Quant à la soi-disant « couronne du Christ », la si précieuse relique du trésor, conservée à Notre-Dmae-de-Paris, dites-vous bien que, sauf quelques poignées de crédules irréductibles, plus personne ne se laisse conter de pareilles fadaises, de si grossières âneries. Je vous ôte le chapeau que je ne porte jamais, et ne vous salue donc pas.

    

 

 

 

 

 

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03/07/2016

Shakespeare et Joyce

Une parution

 

   La dimension mondiale de William Shakespeare, actes du colloque de La Riche 2015, publication du Centre d'Études Supérieures de la Littérature, sous la direction du Dr ès Lettres Frédéric-Gaël Theuriau.

   Article de Yann Le Puits: Shakespeare dans Ulysse de Joyce ou l'homme de Stratford et ses faux doubles dublionois, pages 131 à 136.

   Éditions Nicole Vaillant, 18 euros. ISBN: 978-2-916986-53-1.

   Dépôt légal : juin 2016

   Merci d'avance. À bientôt. Jean-Luc

 

 

11:43 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

03/01/2016

A la mémoire d'une mauvaise année.....

A la mémoire d'une mauvaise année...

    Yann Le Puits n'est pas mort. La preuve, la voici ! 

   Je suis incorrigible. Peut-être à cause de (ou grâce à) l’éducation chrétienne que j’ai reçue, même si j’ai renvoyé Dieu à son inexistence, je reste fidèle à mon rêve de fraternité universelle.

    Il m’arrive parfois de passer une heure, dans un bar-tabac-P.M.U de quartier, à la parfaite simplicité. Propre, l’endroit est tenue par deux femmes et un homme. J’y vois venir les personnes les plus diverses, tant des points de vue de l’âge que du sexe, de la couleur de peau, de l’origine géogrpahique, désœuvrés ou non, etc. Et tout ces braves gens se côtoient, avec la plus belle tolérance. Ils ne le savent pas, mais ils ont réalisé l’idéal de ma vie.

   Souvent le chiffre treize est associé à des supersttions. Je suis tenté de dire : avec elles il s’acoquine. Porte-t-il bonheur ou malheur ? Ne croyant pas du tout en ces balivernes, je m’en fiche comme de ma premiere chemise.

   Ce vendredi 13 novembre 2015, ils étaient des milliers à sortir de chez eux, pour se distraire, s’amuser, boire un verre avec des amis, savourer des bons plats au restaurant, écouter un concert, assister à un match de football. Entre autres, au Bataclan, salle de spectacle parisienne. Mot charmant, que ce « bataclan ». Il s’en dégage comme un arôme de désordre gaulois, de joyeuse pagaille, où la fête bat son plein, à coups d’amicales claques dans le dos.

    Ils ne savaient pas, ces drilles, ces lurons et ces fêtards, que des psychopathes les avaient condamnés à mort, sans appel, sans meême qu’un avocat les ait défendus. Il n’y eut ni témoins, ni délibérations. Le verdict était posé, la peine énoncée, mais ils l’ignoraient.

    Ils n’avaient pour seul tort que d’aimer la vie, les joies quotidiennes, et que de vouloir vivre leurs amours et leurs amitiés.

    Ils sont morts, assassinés sous les balles d’une poignée de larves, transformées en machines à tuer, par d’autres plus malins qu’eux, bien à l’abri, là-bas, dans le soi-disant nouveau Califat. Dangereux guignols, entre les mains de marionnettistes mégalomanes et paranoïaques.

   Ces salauds se réclament, de manière éhontée, de la religion musulmane, mais leur véritable dieu s’appelle Thanatos, la Mort chez les Grecs.  

   Reste-t-il une once d’humanité, dans ces nouveaux SS, ces kamikases du 21e siècle et leurs sinistres commanditaires ? J’en doute fort.

17:14 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)