14/01/2013
L'aube (2)
L’aube (2)
Ce qui mortifiait le plus cet exclu, c’était la façon distante qu’ils affectionnaient, pour faire mine de l’écouter, avec un intérêt zoologique pour les caractéristiques de son étrange et étrangère individualité ; ou, plutôt que pour les particularités de sa personne (Unha Piness n’était pas très sûr d’être humain) pour celles de ce que les blancs, très fiers de leur absence de couleur, nommaient sa « race ».
Ce dernier substantif signifiait pour eux un cocktail de tares inséparables de la couleur noire : l’habitat en ghetto, comme on dirait, par exemple, que le gorille ne peut vivre que dans les forêts équatoriales ; le bain de crasse dans lequel se complairait son espèce, tel le porc dans la boue ; l’usage fréquent et suicidaire des drogues, qui l’enferrerait dans une criminalité contagieuse ; la violence érigée en principe d’existence ; enfin, la propension à des déchaînements sexuels prématurés, voire incestueux.
Nouvelle extraite de Voyage au Pays d’Haysitrabdu,19 nouvelles fantastiques, 140 pages, 12 Euros, frais d’envoi offerts.
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