10/07/2013
Le gêneur 22
Le gêneur innocent 22
Les trois miliciens braquent les gueules des revolvers en direction du géant. Sa révolte ne se tempère pas. Il se campe sur ses jambes, fortes comme deux colonnes de marbre. Les muscles du torse et des épaules se bandent, au point de presque se déchirer. Le visage se congestionne. Toute son attitude est un cri pour la liberté.
Immobiles et impassibles, les miliciens lui ordonnent de se calmer. Le prisonnier hurle encore plus fort sa haine de la Milice et du Comité de Salut Public. Un craquement métallique souligne la déclaration de guerre. Brusquement délié, le prisonnier brandit deux poings aussi gros que des pastèques. Le rebelle bondit en avant. La surprise est si forte que ses ennemis ne réagissent pas assez vite. Le lutteur saisit un milicien dans chaque main. Il les soulève comme des pantins, et les frappe l’un contre l’autre, telles des cymbales. Les arcades sourcilières se fendent, les nez se brisent, les lèvres éclatent, comme les prunes mûres que l’on écrase sous les pieds. Le lieutenant hésite. Tirer, c’est risquer de tuer ses comparses, tant le justicier forme avec eux une masse de chair agitée de sursauts, soubresauts, convulsions, secousses.
Nouvelle extraite de Au creux du Styx
09:17 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)
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