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11/08/2013

Le fouineur 1

Le fouineur (1)

  

     « La bibliothèque de Santa Soledad est une « médiathèque », car on n’y trouve pas que des livres, mais tous les autres moyens modernes de communiquer. Son organisation  m’a littéralement abasourdi. Jamais nulle part je n’avais vu les Arts et la littérature exilés dans les sous-sols, tels des pestiférés mis à l’écart par crainte d’une contamination. Les cinq étages de l’immeuble sont occupés par les livres, logiciels techniques, manuels de toutes sortes, traités d’économie, revues sur les cours de la Bourse, modes d’emploi pour s’enrichir en au maximum deux clins d’œil, recettes de la manipulation politique et psychologique, au total le bric-à-brac du réalisme le plus étriqué, de l’arrivisme le plus débridé, du cynisme le plus éhonté, dans le plus total mépris de l’héritage culturel de l’humanité. 

   Lorsque j’ai demandé à la bibliothécaire d’avoir accès aux archives, afin d’examiner les tablettes de la prophétie des Maztayakaw, fils d’Ardhor, dieu solaire, la préposée a paru si stupéfaite que j’ai craint de lui causer un arrêt cardiaque. La dame en question est une grande jument hommasse aux énormes dents jaunes, aux yeux globuleux, à la crinière grise encore abondante, à la poitrine généreuse, à la voix plus masculine que féminine. L’insigne épinglé au revers de sa veste me donna le nom de la majestueuse matrone : Alejandra Papelero. J’appris plus tard qu’elle est l’épouse du conservateur. Tous deux ont la cinquantaine défraîchie.

 

  

 

 

trait du roman Et passent les rats, en vente sur ce blog)

11:19 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)

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