18/08/2013
Le fouineur 8
Le fouineur (8)
Atterré par la crudité de ce cynisme, je ne sus que répliquer. Déjà, pensai-je, ma carte de visite m’a rendu suspect. J’eusse été mieux avisé de biffer la mention « écrivain ». J’osai pourtant demander :
« La lecture de ces livres est-elle interdite, à Santa Soledad ?
- Pas du tout ! Qu’allez-vous chercher là ? Non, chacun est libre de les emprunter aussi souvent et aussi longtemps qu’il le veut, mais le fait est que plus personne ne les demande depuis trois générations… Enfin, je devrais dire, quasiment personne… Il subsistera toujours quelques-uns de ces esprits passéistes, nostalgiques d’une époque où le lyrisme et la rhétorique, l’imagination et la poésie prétendaient fournir le sens de l’existence, tout en l’embellissant de façon fallacieuse. »
Je commençai à me sentir très mal à l’aise. L’atmosphère de cave, les relents de moisissure, l’ombre omniprésente, tout cela m’évoquait davantage les catacombes que les salles d’une bibliothèque. A divers endroits, je vis une poudre orangée, répandue sur le sol grisâtre. Effaré, je crus deviner la nature de la poudre, mais je voulus m’assurer que ma supposition était fondée.
(Extrait du roman Et passent les rats, en vente sur ce blog)
10:01 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)
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