20/04/2014
Le réquisitoire 9
Le réquisitoire 9
Miss Edith Bookworm était de ceux-là, mais elle eut la chance, pour la majeure partie de sa vie, de pouvoir cultiver son excentricité, en toute impunité, dans le cadre de son activité professionnelle. En apparence, rien ne la distinguait des autres londoniens, c’est-à-dire de « l’Anglais moyen », puisque, comme le sait même le plus ignare des touristes, la capitale concentre à elle seule tous les défauts et qualités, les charmes et les tares d’un peuple…
Une passion emplissait la vie de la « spinster », mot traduisible par « vieille fille » : celle des livres. La chose paraîtra naturelle, et nous ne contesterons pas ce fait. Dans le cas de la demoiselle, la passion occupait sa vie de toutes les manières possibles : son seul loisir était la lecture ; elle achetait des centaines de livres, dont les tranches finirent par couvrir les murs de sa maisonnette. Miss Bookworm cultivait la fréquentation des grands classiques mais se tenait aussi au courant des nouveautés ; elle lisait les articles de critique littéraire, les appréciait à son tour, bien ou mal ; réalisait des fiches de lectures, qu’elle parcourait périodiquement, si bien qu’elle devint le puits de littérature qu’elle avait ambitionné d’être.
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