05/05/2012
Et la clairière...
Et la clairière (1)
Dilate son sourire mauve et vert de bruyère.
Alors, le bourdonnement bouillonnant des abeilles nous escorte
sur le semis de papillons tombés en pluie de l’arc-en-ciel.
Des racines obscures aux lumineuses feuilles
la sève bavarde souffle ses secrets bigarrés.
La brise sur nos gestes pose ses plumes.
Vers notre soif glougloute l’eau blanche et rieuse.
Les lacs d’ombre pour nos corps composent une robe chatoyante.
Du sentier à la lisière, la marche nous achemine jusqu’à des fontaines de ciel frais.
Ton rire si bleu rehausse la beauté d’un rayon qui carillonne.
La vérité de l’amour dont j’exulte,
la vie, toute la vie,
en une heure de joie.
(1) Extrait de Femme de flammes, dans Ligne de partage, recueil classé deuxième au prix de la Fondation Blanchard, en 2000.
10:33 Publié dans Poèsie | Lien permanent | Commentaires (0)
Et la clairière...
Et la clairière (1)
Dilate son sourire mauve et vert de bruyère.
Alors, le bourdonnement bouillonnant des abeilles nous escorte
sur le semis de papillons tombés en pluie de l’arc-en-ciel.
Des racines obscures aux lumineuses feuilles
la sève bavarde souffle ses secrets bigarrés.
La brise sur nos gestes pose ses plumes.
Vers notre soif glougloute l’eau blanche et rieuse.
Les lacs d’ombre pour nos corps composent une robe chatoyante.
Du sentier à la lisière, la marche nous achemine jusqu’à des fontaines de ciel frais.
Ton rire si bleu rehausse la beauté d’un rayon qui carillonne.
La vérité de l’amour dont j’exulte,
la vie, toute la vie,
en une heure de joie.
(1) Extrait de Femme de flammes, dans Ligne de partage, recueil classé deuxième au prix de la Fondation Blanchard, en 2000.
10:31 Publié dans Critiques littéraires, Poèsie | Lien permanent | Commentaires (0)
04/05/2012
Le chef-d'oeuvre
Le chef-d’œuvre (1)
Sur le carrelage, dont les cases et les couleurs copient fidèlement l’échiquier, des brodequins couverts de boue séchée pendouillent les lacets grisâtres. L’épaisseur de la semelle a doublé. La présence des chaussures évoque les randonnées forestières, les collations champêtres, la lassitude musculaire qui fait ployer le corps vers la couche, plonge et rafraîchit l’esprit dans les eaux du noir sommeil, illuminé des visions du rêve.
Située un peu en arrière des croquenots, la table de formica blanc réclame le passage purificateur de l’éponge ; les taches de formes et couleurs diverses révèlent les goûts contrastés des commensaux : coquelicots de sauce tomate, jaune d’œuf éclos en boutons d’or, pâquerettes de la crème Chantilly, vin qui s’épanouit en bleuets. Les serviettes de table, qui furent immaculées comme la virginité perdue de la maîtresse du logis, sont constellées de fleurs semblables à celles de la table.
Instruments du plaisir gastronomique, les verres, bols, tasses, assiettes et couverts s’amoncellent sur la table. S’ils pouvaient s’exprimer, comme le font les objets dans les livres des écrivains animistes, peut-être diraient-ils le regret de n’avoir pas été invités à se baigner dans le ruisseau, près du lieu de pique-nique. Néanmoins, à défaut de la baignade bucolique, ils se contenteraient du récurage dans l’évier, au moyen du liquide pour vaisselle, du tampon abrasif et de l’éponge les plus vantés par la Déesse Publicité.
Cuillères, fourchettes et couteaux s’engoncent dans la graisse et la sauce refroidies, dont les relents aigres agressent les trop délicates narines. Des os bien sucés, s’ils étaient de nouveau assemblés, reformeraient le squelette d’un de ces poulets, qui s’enfuient à l’approche des marcheurs. Des croûtons de pain rassis renvoient de façon nostalgique aux champs de blé sous le zéphyr de juin, aux cieux si bleus, sous lesquels s’épanouissent les fleurs susnommées.
Le gras provient de roses pourceaux, que le coutelas de l’abattoir condamna au terrible destin de côtelettes. Les stridentes protestations des porcins donnèrent-elles des remords aux amateurs de charcuterie ? La chose est peu probable. Des épluchures conservent les couleurs des légumes et fruits qu’ils protégèrent. Certainement, les randonneurs écologistes s’extasièrent à propos de la beauté de ces productions végétales.
Le pot de confiture, qui n’a pas été fermé, tient trois mouches et deux guêpes engluées. Leur immobilité suggère que ces insectes ont cessé de vivre. Paix à leur âme ! La bouteille de vin, aux trois quart bue, n’a pas été rebouchée. Devenu vinaigre, le nectar n’invitera plus les connaisseurs à la dégustation de son bouquet.
Sur le dossier d’une chaise à l’assise de paille crevée, des torchons crasseux et troués ne seraient que de piètres auxiliaires, dans l’éventuelle entreprise de restauration de la propreté.
Le balai sans manche se morfond sur la pelle métallique, si rouillée qu’elle en est percée, telle pomme d’arrosoir. De la poubelle ont débordé les ordures. L’épanchement de la pourriture parachève le tableau de déconfiture.
Derrière la chaîne qui forme une barrière plus morale que matérielle, dans la salle aux murs d’une blancheur hospitalière, sous des lampes aux puissantes ampoules, à l’ébahissement et l’admiration des novices et des initiés, s’expose la composition.
Sur un panneau, on peut lire des articles dithyrambiques, dans lesquels d’excellents critiques d’art célèbrent le génie de l’homme qui conçut l’œuvre. Son audace et sa capacité d’innovation époustouflent tout un chacun, toute une chacune.
La géniale production porte le titre de « Lendemain de fête ». Sur la porte de l’édifice, l’affiche annonce :
« Exposition de sculptures modernes ».
Nouvelle parue dans Florilège, numéro 145, en décembre 2011. Extrait de Paraboles.
09:51 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)