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26/03/2013

Le cordon bleu (2)

Le cordon-bleu (2)

 

    Le prêtre s’imagine que le professeur va passer son chemin, car certainement les fleurs sont destinées à l’une des demoiselles de la bourgade, que les relents de souffre n’effraye point ; le second croit que le premier va poursuivre, pour aller chez le notaire ou le vétérinaire, notables de premier ordre à Sainte-Radegonde-en-Marais, où les professions de dentiste et de pharmacien suffisent à vous faire classés comme membres de la bourgeoisie. Le Brahz s’écarte vers la bordure du trottoir mais, comme Citrin opère le même mouvement d’esquive, les voici encore museau contre museau. Cela doit puer d’infernale façon, car le mâtin religieux dévie vers la façade de la maison, tactique de louvoiement au même instant  copiée par l’angliciste. Leurs petits bonds donnent à la scène une ressemblance avec la danse guerrière des boxeurs. Le passant qui les verrait ainsi, pour la sauvegarde de leur bonne réputation, noblement se ridiculiser, hésiterait entre s’esclaffer, ou se précipiter pour empêcher la rixe.  

    A la même seconde, les dextres se dirigent vers la porte, les deux index pliés cognent sur le panneau de bois, dont la couleur est si délavée qu’elle en est devenue inqualifiable. Germaine Ducasse ne veut pas avoir de sonnette, dont la stridence la ferait sursauter. Quant à un heurtoir, il ne lui conviendrait pas mieux, à cause du fracas. 

     (Extrait de Entre muraille et canal).

10:13 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)

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