22/05/2013
Article de Tézenas
Notre rencontre de l’année 2004 : Yann Le Puits.
L’APA (Association pour l'Autobiogrtaphie) de Tours a pris l’habitude, depuis quelques années, d’enquêter sur le terrain de l’écriture locale et d’inviter à une ou plusieurs de ses réunions un auteur régional peu ou mal connu mais dont la plume originale nous a séduits, même si elle évolue parfois aux très lointains confins de l’autobiographie. Nous avons peu de goût pour les intégrismes, quels qu’ils soient, et nous préférons accorder un espace à des auteurs originaux dans leur démarche et leur style plutôt qu’aux tâcherons de l’autobiographie intégrale, narrateurs méritants mais besogneux d’existences comme il y a en tant.
Donc, quite à prendre quelques libertés avec la vocation autobiographique inscrite dans notre sigle, nous avons choisi de vous présenter cette année l’œuvre de Yann Le Puits, que nous avons découvert via la vie associative, un jour où l’APA était présentée au public, lors d’une conférence réunissant trois associations liées à l’écriture. Partie prenante dans deux d’entre elles, Voix Croisées et l’ALAN (Association de Loisirs et d’Arts pour Non-voyants) Yann Le Puits, poète, nouvelliste et auteur dramatique, sympathisa avec le représentant de l’APA, dont il fut tout naturellement l’invité un peu plus tard.
La vie associative étant elle-même un militantisme, nous ne pensons pas déroger à notre thème 2OO3 en vous faisant découvrir cet auteur de talent très impliqué dans nombre d’associations.
Et puis, tout créateur n’est-il pas un autobiographe qui s’ignore et qui avance masqué ?
Une citation improvisée de Yann Le Puits, glanée au cours de son intervention, prouve bien que l’on peut relier vie et création, puisque notre ami, au seuil d’exposer la genèse de son œuvre déclara : « Partons de l’enfance, puisque c’est de là que tout suppure et tout jaillit ». Les autobiographes purs, épris de réalité et de véracité, sauront au moins apprécier une autre métaphore de l’auteur : « Le rêve en crue déborde et inonde la réalité ». Ne serait-ce pas une définition de l’œuvre entière de Yann Le Puits ? La lecture de ses ouvrages nous le confirme.
Pour Yann Le Puits, l’écriture ressemble à une ascèse par laquelle, en travaillant sur les mots, leur sens ou leur double sens, l’écrivain échappe à la réalité commune, au réalisme frileux du narrateur ordinaire. En vérité, Yann Le Puits est inclassable : il flirte avec la nouvelle (on peut appeler ainsi les textes savoureux de « Paraboles ») avec le théâtre (« Salle d’attente ») métaphore originale de la vie humaine et de son absurdité est, n’en déplaise à l’auteur, un écho d’une puissante originalité de « En attendant Godot ».
A signaler aussi, dans l’œuvre déjà importante de Yann Le Puits, un recueil de poèmes « barbares », plein de talent mais très en marge des gentilles poésies pour académies régionales, « Par gouffres et crêtes » (1), dont nous citerons le prélude : « Le maelström ».
François Tézenas du Montcel, Professeur Agrégé de Lettres
(1) Il s’agit en fait de « Ligne de partage », dont j’avais voulu changer le titre. Fredéric-Gaël Theuriau me fit remarquer, au cours de la conférence de Saint-Averttin, que le premier titre était mieux choisi, et qu’il évoquait mieux le contenu du receuil. Finalement, « Ligne de partage » a retrouvé son titre original, mais est suivi d’un nouveau recueil, lui-même intitulé « Par gouffres et crêtes ».
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