28/06/2013
Le gêneur 10
Le gêneur innocent 10
La faim, la soif, l’assourdissement, l’insomnie, l’angoisse de mort avaient tailladé les corps et les esprits. Afin de nourrir la Terreur, les miliciens mitraillaient encore parfois sans le moindre motif défensif. Lorsqu’il pouvait observer les personnes sans être lui-même remarqué, le portraitiste crayonnait les lignes tourmentées d’un visage miné par la souffrance.
Les gestes des rescapés visaient la seule survie. L’Art était devenu un luxe, que l’on ne pensait même plus à se permettre. Au mieux, l’activité artistique n’inspirait plus que de l’indifférence, au pire de la méfiance. Gens condamnés à la traque, l’existence même de l’artiste ne leur paraissait guère concevable. Pourtant, le dessinateur silencieux continuait d’enregistrer les symptômes de déliquescence.
Nouvelle extraite de Au creux du Styx
09:41 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)
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