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04/07/2013

Le gêneur 16

Le gêneur innocent 16

 

     La jeep les attend devant la porte du magasin. A la place du conducteur, un gorille au nez cassé, au menton balafré. Les miliciens montrent une déférence particulière pour un trentenaire, assis à côté du conducteur. Il a le visage anguleux, les lèvres minces, le nez aquilin et le regard gris acier, très acéré. A son adresse, les phrases des miliciens commencent par « Mon lieutenant ».  L’officier décide de l’interroger. L’interpellé ouvre la bouche, montre sa langue, laquelle remue faiblement, mais ne produit pas de son. En signe d’impuissance, il lève les mains, paume dirigée vers le haut. Ses lèvres et ses yeux esquissent un sourire, qui ressemble plutôt à une grimace se voulant aimable. En gusie de remerciement,  l’interrogateur le gifle sur chaque joue.   

    «  On t’invite dans notre palace, annonce la brute galonnée. »

    Ils le conduisent au Quartier Général, bâtiment long et noirâtre de cinq étages, aux fenêtres munies de barreaux d’acier, situé dans une rue peu passagère. Nulle fioriture architecturale n’adoucit l’inflexibilité des lignes ou la rigidité des angles. Sur la façade sont inscrits ces deux mots : « Hôpital psychiatrique ».

       Nouvelle extraite de Au creux du Styx

 

 

09:27 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

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