12/07/2013
Le gêneur 24
Le gêneur innocent 24
Epais, lourd et vénéneux tel le mercure, le silence se répand. Il accable et glace les captifs. Leurs langues sont enchaînées. La terreur n’est pas une abstraction, ou l’une de ces réalités anciennes, que l’on veut considérer comme anachroniques. Elle est là, présente, vivace, agissante, efficace. Le lieutenant l’incarne. A travers sa médiocre personne, le Système fonctionne. Il est juste et fondé, puisqu’il réussit. Le visage de l’officier n’exprime ni joie, ni haine. Il accomplit sa tâche, consciencieusement, avec méthode.
Le sang de la victime tache les doigts de l’exécuteur. Sur son mouchoir, il en essuie les gouttes, comme le mécanicien qui se dégraisse les mains. Comme pour s’assurer que le blessé ne bougera pas de sitôt, le lieutenant saute à pieds joints sur sa poitrine. Thomas Meddler entend des craquements. Les bottes ont dû fêler des côtes.
Nouvelle extraite de Au creux du Styx
09:38 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)
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