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01/10/2013

Les ailes brisées 16

 Les ailes brisées (16)

 

       Autour d’eux, partout, le vent ignorant des frontières promenait sa cantilène, incessante, susurrante, insinuante, gémissante, dans la forêt de fougères, que l’intrusion des naufragés avait dérangée.

    Ils traversèrent cahin-caha les zones de turbulence d’un sommeil entrecoupé, fébrile et cauchemardesque. A chaque fois qu’ils se réveillaient, ils entendaient le vent poursuivre sa course plaintive, qui faisait se plier, ployer, se déplier, les fougères. Au lointain, des hurlements de ralliement conviaient les loups éparpillés à réunir leurs forces pour la traque. La lune glaciale illuminait la nuit aux immenses, aux gigantesques proportions. Le cosmos avait assemblé la brillante armée de ses paisibles sentinelles. L’énorme cœur de la Nature palpitait : diastole d’une bourrasque, systole de l’accalmie.

    Dans les sacs de couchage conçus pour de très basses températures,   les corps frileux des naufragés se recroquevillaient, mais le pire n’était pas d’avoir froid. Non, le plus grave était de sentir la fragilité, la vulnérabilité de l’homme face à la grandiose puissance du cosmos, qui déjà les avait projetés vers le sol, avait brisé leurs ailes, mais les avait épargnés, comme pour se montrer magnanime dans sa cruauté, ou cruel dans sa magnanimité, car désormais le chemin du salut serait long, très long, excessivement long. 

 Nouvelle extraite de Hautes sources, vastes estuaires, en vente sur ce blog.

 

   

 

 

09:33 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

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