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22/11/2013

Jean Genet 3

Jean Genet : Vers une écriture réflexive 3

 

 

 Le noyau de la thèse sartrienne : « la crise originelle »

 

    Né de père inconnu en 1910, puis abandonné par sa mère à seulement sept mois, pupille de l’Assistance Publique dès 1919, Jean Genet souffre du stigmate lié à la bâtardise.  Egaré dans ce monde de propriétaires, où l’enfant recueilli ne possède rien, il se sent exclu : la Terre est quadrillée de clôtures et de barrières. Le paysage est placé sous haute surveillance.

    Puisque Genet n’a rien, il n’est rien. L’enfant va donc voler, afin d’exister, mais aussi parce qu’il connaît la fausseté de sa situation : ce couple d’agriculteurs et lui-même demeurent réciproquement  étrangers. Pressentant qu’il est essentiellement coupable parce que bâtard,  le petit Genet vole par obéissance, afin de ressembler à l’image négative que l’Autre s’est forgée de lui. Or, on le surprend, par derrière ; comme l’homosexuel passif, il est investi. Irrévocable,  le jugement lui est asséné :

    « Tu es un voleur ».

     Sartre appelle la scène traumatisantela crise originelle. Voici le bâtard lié au pilori de sa propre infamie. Bien qu’il ne reconnaisse pas d’abord, dans le miroir, le visage du voleur, il va se convaincre qu’il doit être ce que les adultes voient en luI. Il ne pourra plus choisir entre le Mal et le Bien, puisque le second lui est fermé. Par contre, il peut choisir entre une carrière du Mal exemplaire, ou les velléités d’un amateur. Adulte, Genet s’adonne au Mal comme d’autres se consacrent au Bien : à corps perdu. C’est pourquoi il créera ce concept fou : la Sainteté du Mal. 

 

   Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

 

09:19 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

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