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21/11/2013

Jean Genet 2

Jean Genet : Vers une écriture réflexive 2

 

    Il y a un siècle naissait Jean Genet, dont l’œuvre scandalisa les contemporains et, aujourd’hui encore, paraîtra scandaleuse à beaucoup de lecteurs. Ce ne sont pas seulement les ingrédients de la recette qui font se soulever les estomacs, à savoir : vol, homosexualité brutale, souvent vécue comme un viol, scatologie, prostitution, agressions, trahison et meurtres, mais le fait que l’auteur bâtit, sur ce que lui-même nomme

l’abjection, une esthétique du Mal ; nous percevons, dans l’œuvre de Genet, comme une affectation des choix les plus ignobles, qui choque

le Juste, pour employer la terminologie sartrienne.

En outre, l’horrible jeunesse de Genet nous fascine parce que, toujours selon Sartre, elle est « l’envers de notre liberté ». Nous voyons, en Genet comme en un miroir déformant, ce que nous serions devenus, si nous avions suivi la pente de notre potentielle noirceur.

    Oui, dire « Jean Genet » suscite aussitôt la réprobation. Le premier mot qui sourd est presque invariablement : « Sulfureux… ». Souvent, les censeurs ne l’ont pas ou très peu lu. Tout semble déjà dit.  Indubitablement, au cœur de l’imagerie littéraire, Genet restera démoniaque. Il l’a voulu ainsi et il y a trop bien réussi. Pour autant, cela n’est qu’une face possible de cet écrivain à la plume somptueuse. Votre serviteur va s’essayer à prouver que, finalement, l’œuvre de l’ex voyou ne contient pas que de l’ordure. A ce propos, je citerai Jean-Paul Sartre :

 

    « Mon casier judiciaire est vierge et je n’ai pas de goût pour les jeunes garçons : or, les écrits de Genet m’ont touché. S’ils me touchent, c’est qu’ils me concernent. S’ils me concernent, c’est que j’en peux tirer profit. » (Quatrième de couverture de Querelle de Brest)

 

    Si d’aussi grandes plumes que Sartre et Cocteau s’intéressèrent au cas de Jean Genet, comment pourrions-nous prétendre que ses écrits ne nons concernent pas ? Précisément, s’ils ont causé  le scandale, c’est paree qu’ils nous concernent au plus près, surtout par la contestation radicale de nos valeurs.

    Genet nous frappe en plein visage, il nous désarçonne et, si nous le lisons vraiment, c’est-à-dire avec la profondeur et la générosité qu’il mérite, nous sortons changés de ses labyrinthes, car il ébranle nos certitudes. Essayons de comprendre comment et pourquoi Genet nous ensorcelle.

 

   Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

 

08:46 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

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