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30/11/2013

Jean Genet 11

Jean Genet : Vers une écriture réflexive 11

 

3° Pompes funèbres ou PF (Suite)

 

 

    Parallèlement aux funérailles du résistant, se déroulent celles d’un bébé, fils de Juliette, célibataire comme l’était la mère de Jean Genet. C’est pourquoi nous pouvons voir, dans la disparition du nourrisson, l’effacement symbolique de l’origine honteuse dont souffrit Genet. Par ailleurs, comme le petit est le fils de Jean Decarnin, cela signifie que le militant communiste meurt une deuxième fois. C’est finalement le narrateur qui va se charger de prolonger Decarnin, car il va dévorer (par la pensée) le cadavre de l’ami, afin de s’incorporer sa force et ses vertus.

    Le narrateur se glisse dans le personnage d’Hitler, le soumet à la sodomie, l’oblige à commettre les gestes les plus répugnants, bref Jean Genet nous offre là l’un des nombreux exemples de ce que Sarte a nommé « la néantisation du réel ». Ce Führer désireux de voluptueuses humiliations, soumis aux caprices d’un prisonnier français, ne ressemble guère au monstre dévoreur de nations qu’il fut. Genet désacralise la Figure du Mal absolu. C’est là l’une des forces de cet écrivain : le réalisme et la vraisemblance s’effritent et s’effondrent sous sa plume. Ses rêves et ses phantasmes agissent comme des acides très corrosifs.

 

 Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège. 

 

 

 

09:31 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

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