20/05/2014
La peur 1
La peur 1
Pour Georges, au commencement de la mémoire, il y eut la peur, une peur tellement abominable qu’elle fouaillait ses boyaux, puis se muait en terreur.
Le garçonnet ne comprenait pas ce qui se passait en bas, au rez-de-chaussée. Courroucés, des cris s’élevaient ; une voix féminine les projetait, qui vaguement ressemblait à la voix maternelle, mais comme à un visage aimé, l’image cauchemardesque d’une figure reflétée dans un miroir déformant, et en l’occurrence horriblement élargie, comme si la personne avait été brusquement atteinte d’obésité. La voix même de la colère, venue de très loin, de mémoires antérieures à celle du fils, où son inexpérience ne lui permettait pas d’accéder. Georges entendait une kyrielle de reproches et des aboiements rageurs, auxquels il ne comprenait rien.
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