22/05/2014
La peur 3
La peur 3
Georges ne connaissait pas les terrifiantes voix de la colère, ni les hurlements jaillis du ventre puant de la rancœur, ce ressentiment qui ligote les impuissants. Le garçonnet se sentait ficelé sur le lit, comme si la peur s’était transformée en une touffe de lianes vivantes et peut-être carnivores. L’enfant appelait sa sœur aînée, Laure, qui n’avait qu’un an de plus que lui. Georges pleurait abondamment, et il lui semblait que depuis toujours il pleurait, que plus jamais il ne cesserait de pleurer.
Souvent, la chambre n’était pas totalement obscure, car la partie supérieure de chacun des volets de bois était percée d’un trèfle à quatre feuilles, censé porter bonheur à la famille. La fenêtre, orientée vers l’Est, était dépourvue de rideaux. Lorsque le ciel n’était pas couvert, par les deux trèfles s’infiltraient la laiteuse clarté de la lune et les lueurs scintillantes des étoiles.
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