19/10/2014
L'apéritif des notables 2
L’apéritif des notables 2
(Extrait de Et passent les rats)
Lorsque Angel Pesar de la Cruz monte en chaire, il le fait comme le fantassin qui court vers les lignes ennemies, fusil en main, avec la bravoure qui porte à l’héroïsme. La crosse épiscopale lui sert de baïonnette. Toujours et partout, Monseigneur combat les forces du Mal avec fougue et détermination. Pour cela, il use de la force magistrale de son verbe, lui-même émanation du Verbe. S’il ne souffrirait pas l’emploi de l’adjectif « parfaite », amorce du blasphème, peut-être accepterait-il intérieurement que l’on qualifie sa rhétorique d’irréprochable, tout en protestant contre l’usage du compliment, par souci d’humilité. Chevalier de l’Eternel,
Angel Pesar de la Cruz affûte ses phrases, qui pourfendent telles des épées, propulse les mots comme la fronde les billes d’acier, utilise l’emphase mais sans excès, à bon escient, comme la graisse dans les mécanismes du fusil, se barde de références évangéliques et bibliques comme d’autres portent le casque et le gilet pare-balles… Que le Démon se tienne bien, car Monseigneur est un lutteur hors pair, à la langue infatigable, au puissant débit, au souffle descendu de la plus haute sphère, à la divine inspiration. Tout en bas, dans la Géhenne, les damnés se tordent et se convulsent sous les assauts de son fouet. Leur menu quotidien ne porte que « pleurs et grincements de dents ».
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