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17/10/2014

L'apéritif des notables 1

L’apéritif des notables 1

(Extrait de Et passent les rats)

 

   

    Monseigneur Angel Pesar de la Cruz s’éponge le front. La grand’messe vient de s’achever.  Puissamment, la voix grave de  l’archevêque a tonné contre le vice, la corruption, le goût si répandu pour le lucre, celui non moins courant de la luxure, l’infidélité conjugale, les déviations sexuelles, l’irrespect des enfants pour les parents, le peu de cas que l’on fait des cheveux blancs, le manque de charité, l’insuffisante ferveur religieuse de nombreux habitants, l’abandon des valeurs chrétiennes, le cynisme des marchands de canons, l’égoïsme de l’élite financière, la paresse et le laisser-aller, au total contre les mille tares dont souffre la ville, et qui font d’elle une vieillarde percluse d’une variété d’arthrose sociologique.

    Tout le temps que gronda l’homélie, le lutrin atypique n’a pas bronché : son bec ne s’est pas ouvert et nul vent n’a soulevé ses ailes déployées. Seuls les rubis de ses yeux ont rougeoyé, sombrement, comme animés par une arrière-pensée que l’âme humaine ne saurait sonder. Les rats, qui se terrent dans les recoins humides des chapelles, ont frémi. Leurs moustaches ont vibré, mais nous ne saurons pas ce qu’exprimait ce mouvement…  

   

 

 

09:50 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)

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