Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

02/07/2013

Le gêneur 14

Le gêneur innocent 14

De sa poche, le malmené sort un mouchoir, carré de coton bleu ciel à larges rayures blanches entrecroisées de fines rayures bleu marine. Le mouchoir est encore plié. On l’a soigneusement repassé. Peut-être y eut-il, dans l’existence du Gêneur, une présence féminine, attentive et câline.

    Il éponge l’écoeurante expectoration. Et si l’ostrogoth allait, par contagion, lui communiquer le virus des mauvaises manières, de la vulgarité aggravée de grossièreté ? S’il allait baragouiner intérieurement, lui qui jusqu’alors sut préserver  la superbe ordonnance de sa pensée ?  

    Face aux mercenaires, sa personne présente l’impardonnable alliance de l’intelligence, la culture et le raffinement. Alliage rare et précieux, que les barbares se doivent d’anéantir. Dans le Gêneur Innocent, ils flairent la bête nuisible. Quoi, lui, le vermisseau, nettoie sa peau garnie de si belles secrétions ?

 

Nouvelle extraite de Au creux du Styx

09:51 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

01/07/2013

le gêneur 13

Le gêneur innocent 13

 

Les bâtisseurs du règne de la Terreur semblent ne pas le voir. Ils frôlent l’artiste, comme s’il n’avait pas plus de substance qu’un courant d’air. L’étranger ne veut pas prendre ombrage de ce mépris, conscient qu’il est de son manque de hargne et  méchanceté, qualités portées à leur point d’incandescence chez les valeureux  guerriers.

    L’un des butors écrase les pieds de Thomas Meddler, sous ses godillots à semelle cloutée. Le timide connaît l’abominable réputation de ces chevaliers du néant. Aussi ne quémande-t-il pas d’excuses. Voulant paraître invulnérable, malgré la douleur, il sourit de façon bénigne. La mimique est interprétée comme une manifestation d’ironie, donc de révolte contre la loi de la canaille et de la racaille. L’offenseur gratifie l’offensé d’un crachat sur la joue droite.

    L’agressé se mure dans une fausse indifférence. Fatale erreur. A ce point, il devrait remercier le goret de l’avoir honoré. Le deuxième crachat vient agrémenter la joue gauche.

    Nouvelle extraite de Au creux du Styx

 

 

09:20 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)