03/11/2014
L'apéritif des notables 9
L’apéritif des notables 9
(Extrait de Et passent les rats)
« Chère Madame, vous me faites bien de l’honneur en me croyant mieux informé que tout le monde à Santa Soledad, concède Augusto Valle y Monte, en piquant plusieurs anchois sur les dents de sa fourchette, avant de les engloutir avec une visible jouissance. Vous devez savoir, comme moi, que le dénommé Mark Mywords, ou Mathew Dawnside, fréquente le milieu artistique de la ville, tristement réputé pour ses activités non lucratives, dommageables au fonctionnement de l’économie. Nous craignons qu’il n’encourage les farfelus à s’entêter dans la voie erronée qu’ils ont choisie. Bien sûr, dès que l’un de ses articles paraît dans la revue Planeta, je m’empresse de le lire, et souvent cela me remue la bile, mais que voulez-vous que j’y fasse ? Il est journaliste, ses papiers sont authentiques et mis à jour. Que pouvons-nous lui reprocher, en dehors de ses fréquentations ? Même celles-ci ne sont pas criminelles. Disons tout au plus peu recommandables. Il ne fraye pas avec la pègre. L’inspecteur Felipe Carabiniero l’a suivi jusque dans « Le vol du condor », mais l’homme s’y est comporté de manière tout à fait respectable. Il ne semble même pas intéressé, pardonnez- moi Mesdames cette précision, par les … professionnelles de l’amour. »
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01/11/2014
L'apéritif des notables 8
L’apéritif des notables 8
(Extrait de Et passent les rats)
Pilar Escudo, la directrice de la crèche, surveille sans y paraître la mimique de la puéricultrice. Carla n’y peut rien : la séduction lui est vertu naturelle. Sous le foisonnement bouclé de ses cheveux châtain clair, qui blondissent au soleil, ses yeux bleus très lumineux envoûtent les hommes. Pourtant, même l’examen le plus circonspect n’a jamais permis de révéler le moindre accroc dans la robe de mariée de la très appétissante jeune femme, âgée de seulement vingt-cinq ans, alors que son médecin d’époux en a quarante. Pilar et Carla s’entendent assez mal, mais elles essayent de se supporter, par amour des maris, qui eux se comprennent bien, du moins le croient, car la valeur et la profondeur de la compréhension ne se mesurent que subjectivement, donc avec une dose d’erreur variable.
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