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29/12/2014

Ulysse 10

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (10)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

III Le projet joycien 

 

     Pour ces raisons, la parenté des livres d’Homère et de Joyce ne peut être qu’analogique. La difficulté consiste à décrypter la foule de symboles, puisés dans les domaines les plus variés de l’expérience et de la connaissance. Joyce a digéré l’essentiel de la culture occidentale et judéo-chrétienne. De plus, il est polyglotte, d’où la prolifération de mots  étrangers.  Il puise dans cet énorme réservoir, pour truffer le texte d’allusions. L’ironie de l’écrivain n’épargne rien ni personne.

   Selon Andrew Gibson, biographe et critique, à partir du chapitre 9, les styles introduisent des parodies, distorsions des discours néocoloniaux, afin de les ridiculiser. Gauchis, les mots font surgir sur le devant de la scène l’Irlandais ordinaire, que les maîtres voulaient ignorer. Joyce manipule l’anglais comme une arme, pour semer le trouble.

    Gibson compare Ulysse à un immense graffiti, qui s’étale sur un mur, prêt à s’effondrer. Il sape les bases des deux empires, le britannique et le catholique romain.

     Au total, livre fortement enraciné dans l’histoire irlandaise, Ulysse est aussi très moderne, parce que subversif et insolent. Il s’agit de tuer l’ennemi, le prêtre et le roi, par le rire.

    Cependant, Gibson souligne le paradoxe d’une certaine acceptation, un peu résignée, du fait que les deux pouvoirs ont laissé des traces indélébiles. Le dernier chapitre, bouleversant et comique monologue féminin, commence et finit par yes. Or, le point de vue de la femme irlandaise est capital, car elle était dominée par l’homme, lui-même soumis aux deux empires. 

 

 

22/12/2014

Ulysse 9

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (9)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

III Le projet joycien 

   Pour saisir le projet, citons l’auteur lui-même, écrivant à Linati :

   « Ulysse est l’épopée de deux races (Israël-Irlande) et, en même temps, le cycle du corps humain et, également, la petite histoire d’une journée… C’est aussi une sorte d’encyclopédie. Mon intention n’est pas seulement de rendre le mythe sub specie temporis nostris mais aussi de permettre à chaque aventure (c’est-à-dire chaque heure, chaque organe, chaque art se trouvant interconnecté et relié dans le projet somatique de l’ensemble) de conditionner et même de créer sa propre technique. Chaque aventure est, pour ainsi dire, une personne, bien qu’elle soit composée de personnes. »

    La première clef d’Ulysse est le titre lui-même. Joyce jette un pont, à travers les siècles, qui rattache l’Odyssée à la modernité. Ceci dit, l’Irlandais aurait pu intituler le livre Une journée ordinaire à Dublin.

   Le personnage principal, Leopold Bloom, dit Poldy, partage deux qualités avec Ulysse : le courage et la ruse. Les préoccupations des personnages sont quotidiennes : l’amour, la nourriture, l’argent et la mort. Le livre nous présente l’homme dans sa totalité, y compris les plus répugnantes secrétions.

  Le passé, individuel ou collectif, ne cesse de les hanter. L’affrontement anglo-irlandais se manifeste concrètement, à travers la présence policière et des monuments : la colonne de Nelson, les statues de O’Connell et de Parnell. La misère et son cortège de laideurs illustrent les effets dévastateurs du colonialisme. 

17/12/2014

Ulysse 8

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (8)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

II L’exil volontaire (Suite et fin)

 

     Joyce s’installe à Paris, en 1920. Il y rencontre Valéry Larbaud, son futur traducteur. L’année suivante, il achève Ulysse . Larbaud se déclare « fou d’Ulysse » qui est « aussi grand et compréhensif et humain que Rabelais ».

    Ulysse est interdit, dans le monde anglo-saxon. L’impres-sion est réalisée à Dijon. L’écriture de l’écrivain est très difficile à lire. Des ouvriers français réalisent la composition, mais ne connaissent pas l’anglais. On estime que l’édition de 1922 contenait 2.000 erreurs. Jusqu’en 1933, Ulysse provoque le scandale aux Etats Unis. Joyce achève Finnegans wake, en 1938. 

 

   En 1940, la famille retourne à Zurich, où l’écrivain meurt le 13 janvier 1941.