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16/12/2012

La statuette (5)

La statuette (1)

 Cinquième épisode

    Quelle bizarrerie de goût avait conduit la grand’mère à conserver cette horreur, dont la seule vue aurait inspiré des cauchemars au moins impressionnable des dormeurs? La présence cachée de la bête affamée ne semblait pas le moins du monde perturber les aïeux. Puis, le grand-père n’avait pas voix au chapitre pour ce qui se rapportait au ménage. En fait, il ne pouvait guère revendiquer qu’un seul droit, celui de se taire, de la jouissance duquel il ne se privait pas. Le jardin et «l’écurie»   constituaient le refuge et le territoire de liberté du vieil homme, qui, depuis longtemps, s’était dépouillé de toute illusion sur la vie comme sur la mort ; c’est dire que, s’il n’attendait plus rien de la première, il n’espérait rien de plus de la seconde.     

 

    La dite « écurie » avait, en des temps reculés, réellement abrité un ou deux mangeurs d’avoine ; puis le cheval fut relégué, là comme partout, dans la catégorie des vieilleries ; l’on attribua de nouveaux usages à cette construction, à savoir ceux de cabane de jardin, d’atelier, enfin de garage pour la 4 Chevaux, noire, unique voiture que posséda le couple.

    L’œuvre cauchemardesque était accrochée dans le couloir, lequel desservait les pièces du rez-de-chaussée. Elle avait été réalisée par  un frère de la grand’mère, prématurément décédé dans un état d’irréversible démence. C’était là son dernier tableau, peint à l’hôpital peu avant sa mort. Si sa sœur l’avait conservé, c’était vraisemblablement plus pour le souvenir que pour les qualités esthétiques de « l’œuvre », même si l’on est tenté de déceler l’empreinte d’un exceptionnel talent  dans les travaux d’un malade mental incurable, sous le prétexte éminemment captieux que la folie avoisinerait le génie.

  (1) Nouvelle extraite de Au creux du Styx, onze textes, 238 pages, 12 euros, frais d’envoi offerts, payable par chèque ou avec Paypal. Livraison garantie dans les huit jours suivants le peiement.

 

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10:21 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

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