04/03/2013
Voyage au Pays d'Haistybradu (6)
Voyage au Pays d’Haistybradu (6)
Ce n’est pas que la contrée se veuille seulement inhospitalière pour l’homme. Elle lui serait même hostile, à cause d’un décret de la Nature, laquelle aurait décidé d’écarter le voyageur téméraire de la démence qui sévit là-bas, au-delà de cette morne succession de chemins rectilignes, défoncés par l’hiver de glace puis craquelés par la fournaise de l’été. Les arbres très isolés, qui persistent au cœur de la désolation, sont effeuillés ; leurs branches noircies parsemées de croûtes blanches se plantent dans le ciel, comme autant d’inefficaces racines dans un sol stérile.
Au fond, cette hostilité sera bienfaisante, pour qui entendra le message et rebroussera chemin, avant d’avoir franchi le pas supplémentaire et fatidique, par-delà la frontière.
Au cours de l’angoissant périple, aux confins de la solitude et du désespoir, je dus bivouaquer, car il ne fallait pas escompter trouver, entre abandon et dissidence, ni auberge, ni gîte où reposer le corps harassé par douze heures de marche. J’ajouterai que ce mode de locomotion n’est pas uniquement un choix physique, mais aussi une manière de déplacer la pensée d’un objet à l’autre, dans une approximation tâtonnante de la vérité, qui toujours se dérobe.
09:37 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)
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