01/04/2013
Le cordon bleu (8)
Le cordon-bleu (8)
Germaine Ducasse offre de nouveau la soupe, dans laquelle se combinent l’orangé des carottes, le vert des poireaux, le rosé des patates et le blanc du navet, œuvre colorée qui vaut mieux que tant de soi-disant tableaux modernes. Le plus affamé des trois lui tend son écuelle, prouvant par là qu’il est déterminé à montrer aux deux autres concurrents que, sur le terrain de la goinfrerie, la bataille est pour eux perdue d’avance. Le plus maigre des trois n’a, de toute manière, jamais songé à se battre en duel à coups de fourchettes ou de cuillères. Le représentant de Dieu préfère attendre la suite du repas. Peut-être garde-t-il des réserves d’appétit, pour lancer plus tard une offensive qui prendra l’adversaire au dépourvu.
Germaine Ducasse ne cesse de bavarder. De temps à autre, elle pose une question à ses invités, n’attend pas qu’ils aient fini de lui répondre pour ajouter son commentaire, mais ce monologue féminin soulage les trois hommes. Que se diraient-ils ? Citrin et Le Brahz se dévisagent encore avec une suspicion que la bonhomie de l’hôtesse ne peut entamer.
A la soupe succède une terrine de pâté de campagne, réalisée par les soins de Germaine. De nouvelles tranches de pain bis viennent remplacer celles que le premier assaut avait arrachées à la corbeille d’osier.
(Extrait de Entre muraille et canal)
10:24 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)
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