20/06/2013
Le gêneur innocent 2
Le gêneur innocent 2
A d’autres moments, la candeur du trublion le poussait à s’accuser en public de turpitudes partiellement imaginaires, de fautes desquelles il se plaisait à exagérer la gravité. Ainsi réalisait-il le monstrueux compromis entre la confession et l’autocritique. Là résidait sa radicale innocence. Il se croyait, par le regard des autres, à chaque instant perforé. Qu’était ce regard ? La vrille de l’inquisition catholique ou des purges communistes ? L’appréhension le capturait, comme le filet le poisson. La crainte du jugement potentiel le transformait en coupable. L’excès de sa candeur l’accusait. Le Gêneur était coupable d’innocence.
Sa sincérité frisait la misanthropie, si bien que toujours et partout il se rendrait insupportable. Qui tolérerait d’entendre clamer crûment, ce que tous sagement s’évertuaient à oblitérer ? Le tort rédhibitoire du Gêneur était de bafouer les subtiles règles de la tartufferie sociale, appliquées dans l’intérêt d’une paix de surface, à grand peine jour après jour maintenue. Le briseur de silence ignorait le code tacite de la bienséance. Aussi méritait-il les plus déshonorants des châtiments. Souvent, il avait été averti :
Nouvelle extraite de Au creux du Styx
10:12 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)
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