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06/08/2013

La mission de Marnay 6

La mission de Paul Marnay (6)

 

   Assez régulièrement, le prêtre passait du « mon fils » à « M. Marnay », comme s’il hésitait à donner sa préférence à l’une des formules plutôt qu’à l’autre. La première l’éloignait de l’assureur et plaçait entre le laïque et lui la distance cléricale qu’à cet instant il jugeait souhaitable ; dans ce cas, l’abbé ne répugnait pas à s’exprimer à la première personne du pluriel comme si, par décret divin, lui avait été conférée la dignité royale.  A contrario, la simplicité de la relation lui paraissant mieux indiquée à d’autres moments ; alors, il recourait à la seconde civilité, comme s’il oubliait qu’il était prêtre, ou comme s’il voulait le faire oublier par le visiteur. 

    « Bien sûr, mon Père. Je me demande de quelle façon je pourrais me rendre utile à l’école du Rédempteur, moi qui n’ai pas la vocation de pédagogue. 

    - Mais vous avez d’autres compétences. Voulez-vous un petit cigare ? A ma grande honte, je dois avouer que c’est une de mes faiblesses, que je n’arrive pas à vaincre. Je succombe à la tentation du tabac trois à quatre fois par jour.

    - Je ne refuserai pas de vous accompagner, mon Père, si cela peut vous aider à vous sentir moins fautif.

    - Vous êtes trop bon, cher M. Marnay, le flatta le  directeur diocésain, qui, redevenu pécheur ordinaire, se défroquait provisoirement.  Servez-vous, je vous en prie. »

     Extrait de Entre muraille et canal

 

09:45 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)

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