28/11/2013
Jean Genet 9
Jean Genet : Vers une écriture réflexive 9
2° Miracle de la rose ou MDR
Le mouvement de balancier porte l’auteur/narrateur à naviguer entre deux pôles de la société criminelle : Mettray, bagne pour enfants, pépinière de cambrioleurs et d’assassins ; puis, la centrale de Fontevrault, considérée comme la plus troublante, celle qui donne la plus forte impression de détresse et de désolation. La punition par excellence, en somme. Lorsque Jean Genet y est incarcéré, l’assassin Harcamone attend là son exécution, pour le viol et l’assassinat d’une fillette.
Le cadre s’est donc élargi ; nous avons quitté la capitale et le Morvan pour la vallée de la Loire. Jean Genet, qui ne s’embarrasse pas de vraisemblance, voudrait faire accroire que les colons de Mettrray allaient parfois se promener jusqu’à Fontevrault, ce qui représente la bagatelle de 85 kilomètres ! Nous avons là un échantillon de la veine épique, qui décuple les forces des personnages.
Genet adore fabuler ; il décrit le « miracle de la rose », auquel il aurait assisté : les maillons de la châine d’Harcamone se transforment en roses, visibles seulement pour lui !
La fin de MDR nous fournit un autre exemple de magnification, lorsque les gardiens et le bourreau viennent chercher Harcamone pour le supplice. Alors, l’assassin se transforme en géant, où les offciants du mystère (la décollation) s’égarent, comme dans une ville déserte. Harcamone est vide, comme le sera Armand dans Journal du voleur ; ils se réduisent à de superbes formes creuses : « masses de chair à la plus ténue spiritualité ».
Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.
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