26/05/2014
La peur 7
La peur 7
La litanie des récriminations et invectives réciproques se poursuivait. La femme faisait claquer son fouet verbal, en cinglait l’homme, incapable d’opposer la force nécessaire pour se protéger du châtiment.
Laure s’était réveillée. Georges entendait sa soeur lui répondre, et la voix de l’aînée lui parvenait comme une étoile combattant la nuit.
« - J’arrive, Georges. N’aie pas peur, ce n’est rien, ça ira mieux demain. Cela les reprend de temps en temps, puis ça passe. »
Même si la chambre était très obscure, Laure se levait, venait jusqu’à lui, se glissait dans le lit, contre lui se blottissait. Fortement, ils s’étreignaient. Au début, Georges tremblait encore. La terreur le secouait affreusement, mais Laure paraissait imperturbable. Les autres enfants dormaient, comme si la maison eut été paisible, comme si la guerre des parents n’avait jamais commencé. Les bienheureux n’entendaient rien. Leur sommeil s’écoulait, long et profond, sans heurts ni secousses, tel le fleuve calme et sombre dans une plaine noire. Seul Georges était terrifié. Sa solitude face à la monstruosité de l’hurlante et gémissante obscurité, en l’absence de Laure, l’eût rendu fou.
09:09 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)
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