12/04/2015
Ulysse 27
Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (27)
(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)
Deuxième partie
13 Naussica, fille du roi Alcinoos, de Phéacie
Bloom arrive à la plage de Sandymount, où il voit une jeune fille, Gerty Mac Dowell. Entre eux, rien ne se passe; tout se produit dans l’imagination de l’homme.
Le style sirupeux dénote aussitôt l’ironie. Joyce a défini ce chapitre comme de la « mariolatrie ». Romances, magazines de mode, publicité, prières à Marie, clichés, proverbes, sagesse populaire, contes de fée, langage familier, euphémismes s’y disputent la prééminence. Le texte est parsemé de nombreuses ruptures syntaxiques et d’inclusions, qui rappellent le langage parlé, de parenthèses que n’annonce pas la ponctuation. L’effet obtenu s’apparente au discours logorrhéique.
Nous revenons au monologue intérieur. La jeune fille est perçue totalement à travers la subjectivité de Bloom. Gerty attache grande importance aux colifichets. Elle possède une collection attrayante pour le fétichiste. Tout en elle est constitutif de la féminité, du point de vue de Bloom. Proie des fantasmes masculins, Gerty devient le produit du désir de Bloom.
La description de Gerty contient tous les poncifs de l’idéal féminin occidental, en vigueur à l’époque : doigts effilés, teint d’albâtre et yeux bleus. Les superlatifs pleuvent.
Des chants s’élèvent, implorations à la Vierge, pour que les ivrognes se soignent. Or, la belle Gerty souffre de l’alcoolisme paternel. Deux autres jeunes filles accompagnent Gerty. Elles veulent assister à un feu d’artifice et partent. Persuadée que Bloom l’admire, Gerty reste sur la plage, d’où elle verra le spectacle. Pour cela, elle se penche en arrière, et montre ses jambes à Bloom, dont le regard s’élève le plus possible, d’où le parallèle avec les fusées. Le voyeur se donne alors le plaisir des solitaires.
Elle se lève et Bloom s’aperçoit qu’elle est boiteuse. Suivent les considérations de Bloom, sur les dessous féminins, le voyeurisme, les menstrues, la mode, la rivalité entre femmes, l’aigreur des religieuses.
La fin nous présente le bateau postal, qui part vers Liverpool, dans un formidable brassage d’images, où se mêlent navires, tempêtes et naufrages, les femmes et l’amour, la jeunesse et la vieillesse, la vie et la mort, l’histoire du peuple juif. Le promeneur trouve un morceau de bois, sur lequel il voudrait écrire « Je suis », mais y renonce, car l’océan efface tout.
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