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30/04/2015

Ulysse 30

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (3O)

(Conférence, donnée au LAC, le 12 avril 2014)

 

 Troisième partie

 

16 Eumée, le fidèle porcher d’ Ulysse

    L’épisode commence par « Avant toutes choses », mots apparemment creux, puisque chaque chose en précède une autre. Pourquoi cela, si tard dans la narration ? Serait-ce une manière de nous mettre en garde ?

   Comme la démarche des protagonistes, le style dénote la fatigue. Il se démonte lui-même, en accumulant les conces-sions. Le comique résulte d’une excessive prudence.

    L’équivoque est entretenue sur l’identité du narrateur, par le jeu des « il » et « lui » puis « leur », qui conduit à « Bloom Stoom » et « Stephen Blephen ». Il devient difficile de savoir qui parle. Le doute s’installe, quant à la véracité du récit.   

   Bloom rend canne et chapeau à Stephen, dépoussière ses vêtements et l’aide à marcher. Il cherchent un fiacre, mais n’en trouvent pas. Bloom prononce un discours moralisateur, sur les dangers de l’alcool, les sorties nocturnes et la fréquentation des prostituées. Il critique  la police, qui protège les riches, mais tire contre les pauvres. Il réprouve la lâcheté des amis de Stephen, qui l’ont  abandonné. L’aîné donne des conseils paternels au jeune. Il devrait se méfier de Mulligan, le profiteur.

    Ils entrent à l’Abri du cocher, bar mal famé. Bloom offre un café et des biscuits à Stephen. Dehors, des Italiens parlent fort, Bloom suggère au poète d’écrire dans cette langue. Réponse désabusée. Un marin ivre aborde Stephen, lui demande son nom et dit connaître son père. L’homme assure que Simon est un « véritable irlandais ». Le marin conte des voyages  invrai-semblables, mais ne connaît pas Gibraltar. Comme on doute de sa parole, il exhibe un couteau et relate le meurtre d’un homme, à Trieste…

   Les buveurs parlent de tempêtes ; le matelot affirme que sa médaille pieuse l’a sauvé de bien des périls. Elle rappelle le voile magique, confié à Ulysse, par une nymphe.    

   Bloom emmène Stephen chez lui. L’aîné se demande si le jeune a la voix de son père ; il rêve d’opéras et de gains mirifiques. Stephen chante dans la rue, ce qui conforte Bloom dans ses rêves.

 

 

 

 

28/04/2015

Coup de gueule poli

Coup de gueule poli 

 

Dimanche 5 avril 2015

  

Le Sieur de Sainte-Cythia, depuis la croisée de sa chaumière seigneuriale et ligérienne, jouit d’une vue d’aigle, sur la passerelle au nom glorieux et impérial. Quoi de plus louable, puisque le manoir appartint à cette armée, dotée d’oiseaux de tonnerre et de feu ?

Le susdit ci-devant, le si cher élu de nos urnes locales, gentilhomme paré d’un auguste prénom, noblement réputé pour son dynamisme immobilier, depuis quelques jours doit être un peu moins brillant qu’à l’accoutumée.

Hélas, mille fois hélas ! Ingratitude de l’époque, à l’opinion trop souvent dictée par la vindicte populacière ! Il va falloir qu’il explique comment, par quel tour de passe-passe ou de magie, la campagne de propagande du très subtil, du sublime guide et génie de l’Union pour un Magouillage Princier, j’ai nommé Nikolaï Zigomar, seigneur magyar de très antique souche aristocratique, a fini par coûter deux à trois fois plus de louis d’or que prévu.

Difficile de prétendre, lorsque vous disposiez de l’escarcelle, que vous ne vous rendiez pas compte de bizarreries, de la munificence et du déploiement de luxe, du faste pseudo gaullien : montagnes de foie gras, avalanches de caviar, fleuves de champagne, etc. Ce Monsieur, fils de figaro, aura probablement tôt appris à tondre les citoyens, contribuables à merci… 

Cette « affaire », mot pudique pour éviter de dire «  escroquerie » n’est qu’une parmi tant d’autres, la liste infinie des « indélicatesses », autre litote, dont nos hommes politiques ont le divin secret. Ils voudraient que nous les respections, alors qu’eux-mêmes ne respectent pas l’esprit de la démocratie, en bafouant les lois, pour la seule satisfaction de leur égo et l’infini accroissement de leur patrimoine, même si cela doit se réaliser au détriment des deniers publics.

 

                                                         Riwal von Tapfesherz, notre correspondant local à Sainte-Cythia 

09:15 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

24/04/2015

Ulysse 29

Ulysse, l’œuvre multidimensionnelle (29)

(Conférence, donnée au LAC , le 12 avril 2014)

 

Deuxième partie

 

15 Circe, l’enchanteresse qui transforme les compagnons d’Ulysse en porcs.

    Le merveilleux, le fantastique et l’horrible constituent l’essentiel de l’épisode. Cela contredit l’affirmation de Joyce, selon laquelle il aurait rigoureusement appliqué une méthode réaliste. A moins que nous ne considérions le déroulement cinématographique des hallucinations de Bloom et Stephen comme une application du principe de réalité.

   Mulligan et Stephen vont par le train, chez Mme Bella Cohen, maquerelle ; Bloom aussi, mais séparément. Il est minuit.

   Circé s’impose comme le chapitre du déguisement.  Bloom y apparaît en plusieurs tenues différentes. Joyce s’écarte plus encore de la narration traditionnelle. Le normal et le fantastique s’entremêlent. Des objets, tels que les boutons, les casquettes et les arbres parlent ; un coq pond un œuf, les heures de la nuit dansent, le fantôme de sa mère apparaît à Stephen, Bloom se transforme en soubrette. Les instructions scéniques déterminent l’action.

   Les secrets de Bloom et Stephen nous sont dévoilés. L’intériorité devient réalité objective. Tout ce qu’ils cherchent à refouler leur saute à la figure. N’oublions pas que l’époque découvre le freudisme. L’hallucination devient réelle. Tout ce qui arrive semble à la fois familier et extrêmement étrange. Stephen et Bloom se rappellent leur passé, Circé se souvient du passé textuel. Des personnages déjà vus ou entrevus resurgissent, des anecdotes sont transposées, refaçonnées.

   Pour ne citer qu’un exemple, Bella la tenancière se transforme en homme et maltraite Bloom, réduit à accomplir les tâches les plus humiliantes. La scène tourne au sadisme. Bloom connaît toutes sortes d’aventures et de mésaventures, tour à tour proscrit, condamné à mort, puis saint, monarque aux pouvoirs surnaturels.

   Deux choses sont pourtant avérées : Stephen s’est battu contre un soldat, Bloom a empêché son arrestation ; de plus, il veille sur la bourse du jeune fêtard.