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10/09/2012

L'adorateur de Dame Automobile

L’adorateur de Dame Automobile

 

    De tous ses biens, l’automobile est le plus précieux. Sur elle il veille comme sur la prunelle de ses yeux. Le lustre et l’éclat de la carrosserie, la soigneuse propreté de l’habitacle, le brillant et le poli des pièces mécaniques, lui fournissent au total l’idéal motorisé qui donne sens à sa vie.

    Pour ce charmant crétin, la voiture compte plus que les banales relations humaines. Lorsque, entre ses doigts, il serre le volant, et plus encore lorsqu’il manipule les vitesses, il déclare :

    « Je dialogue avec mon moteur ».  

    Au garage rutile la machine, comme l’idole dans sa chapelle. Mesdames, Messieurs, prosternons-nous. Nous voici en présence du sacré.

    Si par maladresse « sa » portière (oui, la voiture forme partie constitutive de sa personne) vous avez rayée, ou même si seulement il s’imagine la rayure, le butor vous menacera de dénonciation à la police, de terribles poursuites judiciaires, il plongera votre nom maudit dans l’opprobre.

    L’infortuné souffre ! Chaque éraflure, qui dépare la métallique beauté de sa déesse, le blesse dans sa chair, chaque rayure lui  cause une égratignure, une écorchure ! De ne point l’avouer, vous êtes méchant, pervers, de mauvaise foi. Ah, quel dommage que le bagne ait, depuis tant de décennies, fermé ses portes ! Des canailles de votre acabit ne méritent pas d’autre sort ! 

    Le voilà qui trépigne, hurle, vocifère, vous insulte ; sa trogne devient horriblement purpurine ; ses artères se gonflent, le sang galope à torrents, systoles et diastoles se bousculent, il écume et bave, se prépare consciencieusement l’arrêt cardiaque…

    Ah, si cela pouvait réellement arriver ! Au moins ferait-il une bonne chose dans sa vie de pure insignifiance : il nous délivrerait de son odieuse présence.   

09:13 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

04/09/2012

Le sang du bûcher (1)

Le sang du bûcher (Extrait)


 

 Corps, attendus, répandus, confondus,

 

embrassés,

embrasés,

corps à corps,

un seul souffle pour deux,  tout l’univers dans tes yeux.

Entre tes jambes se rencontrent le jour et la nuit.

 

Des soleils s’épanouissent sur ton ventre.

 Je suis sexe.

 

 (A Tours, en 1979 ; extrait de Ligne de partage)

 

10:31 Publié dans Poèsie | Lien permanent | Commentaires (0)

29/08/2012

Ce géant, notre maître eà tous (1)

Ce géant, notre Maître à tous (1)

 


  

 

    Quels que soient le chemin ou la raison  qui jusqu’à Chinon nous mène, comment ne pas se souvenir de vous, Maître François Rabelais ? L’auteur de ces lignes serait bel ingrat, s’il omettait de vous rendre hommage, vous dont le patronyme fut donné, d’abord au collège, puis à l’université, desquels il sortit un peu moins ignare qu’il n’y était entré.  

    Nous avons traversé le fleuve royal, puis ses trois affluents. Le nom du troisième, homonyme de la capitale autrichienne, déjà nous annonce le Poitou. Nous sommes presque arrivés au seuil de la province méridionale, dont Richelieu fut l’un des fleurons. Avant cela, d’Azay-le-Rideau jusqu’à Chinon, la forêt déploie sans compter l’opulence de sa chevelure verte ou rousse, ou bien se dresse nue, grise et brune, selon la saison. La route ondule, s’élève ou dévale, mais, plus de vous nous approchons, et moins le paysage tolère la platitude.  

  

(1)  Extrait de Pot-pourri tourangeau

 

11:18 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (1)