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28/09/2012

Colloque international de Sens, les 22 et 23 septembre 2012

Participation au colloque international de Sens, les 22 et 23 septembre 2012, sur La littérature prolétarienne aux 19e et 20e siècles, sous la forme d’une communication intitulée Bernard Clavel, chantre des classes laborieuses.

Entre muraille et canal (6)

1 - Les deux horloges (6)

(Extrait de Entre muraille et canal), livre électronique, disponible sur Amazon, à prix réduit)

 

  

    Le verbe « courir » n’était qu’une petite exagération. L’hospitalière voisine ne tarda guère à déverrouiller sa porte, qu’elle laisserait ensuite ouverte à tout venant, c’est-à-dire pour les honnêtes gens de la bourgade, poétiquement désignés sous les vocables de ragondins et ragondines. La religieuse entra dans la maison au couloir sombre, où stagnaient des relents d’humidité. Le sol était carrelé, mais les carreaux ternis, alternativement beige et bleu marine,  avaient tant vécu qu’ils étaient ébréchés à bien des endroits. Par en dessous, paraissait la grisaille du ciment. Le papier avait été neuf, trente ans plus tôt. Ses ramages avaient perdu leurs joyeuses couleurs vertes et jaunes, pour devenir marron. Il en résultait que la décoration assombrissait le lieu, qui déjà manquait de clarté. 

   

 

 

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27/09/2012

Entre muraille et canal (5)

 

 1 - Les deux horloges (5)

(Extrait de Entre muraille et canal ,livre électronqiue, disponible sur Amazon, à prix réduit))

     Sœur Amélie déposa son bagage intellectuel sur le trottoir, devant le portail placé sous l’égide du Sauveur Suprême, puis elle traversa la rue, pour converser quelques instants avec la bonne vieille voisine :  

 

    « Il ne faut pas vous déprécier, Mme Ducasse. Vous n’êtes pas allée longtemps à l’école parce que, dans votre génération, la plupart des gens n’allaient pas au-delà du Certificat d’Etudes Primaires, mais ils n’en étaient pas plus sots pour autant. Ils savaient bien des choses que les jeunes si savants ignorent de nos jours : nommer les étoiles par une nuit sans nuages, dire dans quelle direction souffle le vent, lire les empreintes d’animaux sur la terre meuble, choisir et couper le bois de chauffage ou la branche pour se fabriquer un bâton, mener un bel attelage de bœufs ou de chevaux de labour, prédire le temps qu’il fera en observant le ciel, au total ces choses qui nous rappellent que nous sommes les enfants de Dieu, que nous ne sommes pas que des machines insensibles.

    - Ce que vous causez bien, ma Sœur. Voulez-vous me faire un petit plaisir ?

    - Volontiers. Que puis-je pour vous, ma bonne Mme Ducasse ?

    - Appelez-moi par mon petit nom, s’il vous plaît. Ce sera moins cérémonieux que « Mme Ducasse ». Ça fait vingt ans que nous nous connaissons. Je vous appelle bien « Sœur Amélie », moi. C’est vrai que mon prénom est moins joli que le vôtre. Germaine ! A-t-on idée ! Mes parents auraient pu mieux choisir. En plus, ça me rappelle l’Occupation.

    - L’occupation ? Pourquoi ?

    - Les Boches, pardi, les Germains !

    - Là, vous poussez les choses un peu trop loin, Mme Ducasse… Euh, je veux dire : Germaine. Il ne faut pas dire « les Boches ». Nous ne sommes plus ennemis depuis près de trente ans.

    - Vous avez raison, Sœur Amélie. A l’avenir, je dirai « les Allemands ». Ah, ma cafetière s’arrête de siffler. Entrez donc prendre un café, Sœur Amélie.

    - Je ne voudrais pas vous déranger, Germaine.

    - Mais vous ne me dérangez pas, puisque je vous invite. Vous n’êtes pas si pressée, non ?

    - Non, je suis en avance, comme d’habitude. Mais je ne resterai pas plus d’un quart d’heure, car j’ai beaucoup de choses à préparer, à ranger ou trier.

    - Entendu comme ça. Je cours vous ouvrir la porte. »

10:31 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)