02/12/2012
Au bar des philosophes
Au bardes philosophes
Au Bar-Café-Tabac-PMU des Philosophes, une bande de potes se se goberge et se rince la dalle, sans retenue ni modération aucune. La énième tournée achève de débrider les langues. Mes lectrices et lecteurs auront, du moins veux-je l’espérer, la bonté de pardonner l’exactitude ethnologique de la transcription, car le langage de ces Messieurs de la Bibine paraîtra peu académique.
- Moi, vocifère Bébert, chuis pas raciste pour un sou, ça non alors les gars, mais j’peux pas piffrer les bougnouls, les Négros et les mal blanchis.
- Caisse ki t’ont fait, s’enquiert Nanard.
- Ces singes, tu sais jamais si se lavent, vu que la crasse se voit pas, sur leur foutu cuir. D’ailleurs, i puent tous, pas vrai, Maumau ?
- Ouais, t’as ben raison, Bébert, maugrée Maumau, mais j’vais t’dire : y a pire qu’eux.
- A qui qu’tu penses, l’interroge Riri.
- Les bougnouls, souvent, i’causent Français, on peut les piger, mais y a tous les autres, ceux qui jactent pas comme nous, les Chleus, pour commencer.
- Ça c’est sûr, lui accorde Nanard, mais faudrait pas oublier les Polacks et les Rouskofs, tous des buveurs de vodka, une saleté, tandis que nous, on picole pas, on déguste le bon pinard, bien d’chez nous !
- D’ac’, renchérit Riri, mais vous avez beau dire, moi j’m’méfie encore plus des Youpins et des Ratons, i’vous regardent jamais en face et i’ bouffent pas de boudin, pas de cochon !
- T’es dans le vrai, tempête Totor, les Youpins, i’nous piquent not ’flouze et les Ratons, i’nous plantent un schlass dans l’dos !
- Moi, hurle Lulu, j’peux pas encaisser les Macaronis, les Espingouins et les Portugalais ! Ça se dit catholique, ce monde-là, mais cause toujours, rien que des tire-au-flanc !
- Pour sûr, ratifie le Fifi, mais faut encore ouvrir l’œil avec les Japs et les Chintoks, i’veulent nous plumer la laine sur le dos !
- Là, tu te goures un chouia, l’interpelle doctement le plus doué de ces penseurs, j’ai nommé Jojo, on dit pas « plumer la laine sur le dos », mais « tondre les plumes sur le dos ».
- Là, tu cherches la petite bête, lui reproche Nono, on avait entravé quand même, pas vrai les poteaux, pis c’est pas la peine d’aller chercher si loin, y’en a d’autres, qui valent pas mieux !
- Quoi qu’tu veux dire, le questionne Totor.
- Les Amerloques et les Rosbifs, i’nous bavent ki sont avec nous, mais j’vais t’bonnir une chose : tous des faux-culs ! Ch’t’parie ki cherchent qu’à nous faire un gosse dans l’dos !
- Ouais, postillonne Popol, zavez raison, les gars, y a qu’entre Français qu’on est bien ! Pas vrai, Tatave ? Maintenant, c’est ma tournée ! Patron, tu nous remets ça !
Le regard vitreux, l’haleine si chargée d’ éthylique alcool qu’une allumette s’incendierait si on l’approchait de leur museau, nos philosophes du zinc, du gros rouge et du petit blanc, lèvent leurs verres et trinquent.
Ils se sentent si bien, d’être tous pareils.
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01/12/2012
Tics verbaux
Tics verbaux, parole verbeuse
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L’un commence la plupart de ses phrases par « En fait », cet autre par « Au pire », le troisième les termine par « Voilà », le quatriième les ponctue d’innombrables « Je veux dire que », aveu d’une totale confusion de la pensée.
Pour eux je suis peiné. Leurs tics verbaux enlaidit leur parole, comme le fait de se gratter le derrière, se décrotter le nez, de roter ou de péter en public détériore la conduite. Ils sont actuels : ils chevrotent.
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