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20/12/2012

La statuette (9)

La statuette (1)

 Neuvième épisode

      Parmi les descendants, personne ne voulut conserver le bien maudit. La mise en vente chez un notaire fut aussitôt décidée, mais rares furent les acquéreurs potentiels. Le panneau  « En vente » restait accroché sur le panneau de la porte, sans effet notable. Peu à peu, l’habitation se délabra, s’ouvrit aux quatre vents, à la pluie, la neige et la gelée, qui la dévastèrent. Dix ans après le drame, les ronces jetèrent sur le site une rébarbative couverture. Nul ne désira construire à neuf à cet endroit, jugé trop isolé. Le lieu fut condamné à un total et définitif abandon.

 

    La sorcellerie du rêve peut tout, et plus particulièrement, accomplir ce que la réalité ne saurait jamais réaliser: l’effroyable beauté de l’impossible. La nuit dernière, l’océan noir des songes a soulevé Angel Delapesadilla de vague en vague, l’a porté de crête écumeuse en crête écumante. Ce cheminement d’une belle folie l’a ramené dans la maison par magie reconstruite.

    Ses grands-parents sont ressuscités. Lui, l’homme mûr, est redevenu petit garçon. Pour une partie des vacances, il séjourne chez Pépère et Mémère. Est venue l’heure du coucher. L’œuvre démente a disparu, dans un  tourbillon de poussière illuminé par  une lune à la rondeur parfaite. Dans la chambre d’amis, la statuette de bronze se dresse sur la table de chevet. L’enfant n’aime pas le guerrier, qui n’est guère moins velu que le monstre du tableau. Le premier serait-il complice du second, cet insatiable ventre ?

 (1) Nouvelle extraite de Au creux du Styx, onze textes, 238 pages, 12 euros, frais d’envoi offerts, payable par chèque ou avec Paypal. Livraison garantie dans les huit jours suivants le peiement.

 

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09:38 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

19/12/2012

La statuette (8)

La statuette (1)

 Huitième épisode

    Jamais ils n’avaient voulu installer le téléphone. Angel et ses parents résidaient à sept cents kilomètres de la maison familiale. Un mois s’écoula sans nouvelles. La longueur inhabituelle de ce silence finit par inquiéter le couple, qui décida de rendre une visite impromptue aux deux vieillards. Ils possédaient un double de la clef. Angel ne pourrait, désormais, libérer totalement son esprit de l’horreur, cette fois-là bien réelle.

 

    Les héritiers emportèrent, vendirent ou jetèrent les meubles et divers objets du ménage, ne laissant sur place que le tableau cauchemardesque et une statuette de bronze, hideuse figure d’un guerrier chevelu, vêtu d’une tunique courte, qui brandissait dans la main droite un glaive au fil tranchant. Une menace informulée tordait la bouche. La brute riboulait des yeux sanguinaires. La violence, même figée dans le métal, n’en paraissait pas moins redoutable.

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18/12/2012

La statuette (7)

La statuette (1)

Septième épisode

    Agé de quarante-cinq ans, Delapesadilla n’était pas retourné dans la vieille demeure depuis un quart de siècle, c’est-à-dire depuis le décès de ses grands-parents. L’événement avait été brutal et dramatique. Ils étaient tous deux accablés de ces maux, que cause le grand âge. La grand‘mère était devenue terriblement acariâtre. De morbides obsessions tyrannisaient le grand-père. La survie les accablait. L’un pour l’autre, ils ne furent plus que détestable fardeau. Par une nuit de Saint Sylvestre, le grand-père décrocha sa carabine, tua la compagne de sa vie en plein sommeil, puis se grilla la cervelle. Le hameau le plus proche était situé à trois kilomètres. Ce fut pourquoi personne n’entendit les détonations. Comme les défunts n’avaient maintenu que des relations très distantes avec les gens du secteur, nul ne s’inquiéta de ne plus les voir au village, à une quinzaine de kilomètres de là, où pourtant une fois par semaine ils allaient acheter les produits que l’autarcie traditionnelle (basse-cour, potager, verger, chasse et pêche) ne leur fournissait pas.  Commerçants et connaissances crurent les grands-parents partis chez leurs enfants, car lorsqu’ils s’absentaient, ils n’en avisaient personne. Leur absence n’étonna donc personne.

 

    (1) Nouvelle extraite de Au creux du Styx, onze textes, 238 pages, 12 euros, frais d’envoi offerts, payable par chèque ou avec Paypal. Livraison garantie dans les huit jours suivants le peiement.

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