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08/03/2014

Sous le regard 13

 

Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald

Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald

 

Ange, à demi

 

La moitié de l’ange, oui : humanité de chair d’abord sous le voile de la peau, si vulnérable.

 O les ramifications des vaisseaux, porteurs si riches de chaleur !

 Etre de fragilité, tu aspires à la force – spirituelle - qui t’élèverait jusqu’à la zone où se raréfie l’oxygène, où tel le couteau, sous la meule des Dieux, s’affûte l’âme comme lame.  

Mais l’aile unique pend, inefficace, inutile.

 Qu’elle frémisse, batte et claque !

Du sol les pieds décolleront – si peu !

Ta destinée se nomme Terre.

 Vis, en ce corps périssable, champ où tu récoltes, mêlées, fleurs du bonheur et ronces du malheur.

 Diluée dans le sirop des joies, tu le sais, nous boirons aussi l’amertume.

Fatal devoir : chaque jour envisager le départ, la plongée sans retour, le saut vers ce que nomment toutes les langues ; laquelle la saura définir ?

 Ange, à demi, moitié de l’ange, aime ta chair, pour ce qu’elle est : périssable.

 De son mieux, l’esprit fleurira – si tu ne le cèdes aux friches…  

    

Poèmes d ‚une Exposition neugrößer_Seite_28.jpg

 

Engel, halb

 

Die Hälfte des Engels, ja: das Menschsein als Fleisch zuerst unter der Hülle der Haut, so verletzlich.

O die Verästelungen der Gefäße, Träger der Wärme.

Wesen, zerbrechlich, du strebst nach der Kraft – der geistigen – die dich hebt bis zum Bereich, wo der Sauerstoff sich verdünnt, wo gleich dem Messer, unter dem Schleifstein der Götter, die Seele sich schärft.

Aber der Flügel hängt, unwirksam, unnütz.

Dass er bebe, schlage und flattere. 

Vom Boden deine Füße werden heben sich – so wenig.

Deine Bestimmung heißt Erde.

Lebe, in diesem vergänglichen Körper, Feld wo du erntest, vermengt, die Blumen des Glücks und Stacheln des Unglücks.

Aufgelöst in den Sirup der Freuden, du weißt, trinken wir auch Bitternis.

Zwang des Schicksals: jeden Tag zu erwägen die Abreise, das Eintauchen ohne Wiederkehr, den Sprung zu dem, was alle Sprachen nennen, aber keine zu bestimmen weiß.

Engel, halb, halber Engel, liebe dein Fleisch für das, was es ist: verderblich.

 

Sein Besten gebend, wird dein Geist blühen – wenn du ihn nicht der Brache überlässt...

07/03/2014

Sous le regard 12

Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald

Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald

 

 

 Fleur de chair

 

    Coquelicot : mot qui clame la victoire - provisoire - de l’été.

   Syllabes qui claquent, comme le cri du coq, telle aussi sa crête, par son bec arrachée au crépuscule cramoisi des soirs estivaux. 

 Ou, pavot, fleur aux senteurs vocales d’où s’élèvent de merveilleuses paroles d’angoisse : pivot de l’hébétude, de la somnolence et du délire.

 Comme ligne de partage, la tige noire : au long des plaines s’étale, ondoyante, la blondeur. 

 Le blé triomphe, avant que juillet moissonneur ne l’égrène.

 Infatigable forgeron, Soleil martèle l’enclume Terre de ses rayons.

 Puis, s’éclôt le doute.

 Si cette fleur couleur de sang dessinait le confluent de deux cuisses ?

 Si, sous la soyeuse apparence des pétales, brûlait la chair ?

 Si sous le voile écarlate s’abritait l’obscure profondeur d’un puits de désir, d’une source d’amour ? 

 A décider, le regard hésite.

 Pour ceci, pour cela, l’esprit choisira. Qu’importe ? La fleur elle-même se veut coupe de jouissance. 

 Lorsque vacille la pensée, du poème le silence se sacré le Roi.

 

Poèmes d ‚une Exposition neugrößer_Seite_26.jpg

 

 

Blume des Fleisches

 

Klatschmohn: Wort, das  rausschreit den Sieg – den vorläufigen – des Sommers.

Silben, die knattern, wie der Schrei des Hahns, wie auch sein Kamm, durch seinen Schnabel herausgeschleudert in der knallroten Dämmerung der Sommerabende.

Oder, Mohn, Blume des stimmlichen Dufts, von wo sich erheben die wunderbaren Worte der Angst: Drehpunkt des Stumpfsinns, des Dämmerschlaf und Deliriums.

Wie eine Trennlinie, der schwarzer Stängel: über die Ebenen breitet sich aus, wogend, das Blond.

Das Getreide triumphiert, bevor der Schnitter  Juli es entkörnt.

Unermüdlicher Schmied, Sonne hämmert den Amboss Erde mit ihren Strahlen.

Dann entsteht Zweifel.

Ob diese blutrote Blume den Zusammenfluss zweier Schenkel bezeichnete?

Ob unter der seidigen Erscheinung der Blüten das Fleisch brannte?

Ob unter dem scharlachroten Schleier sich birgt die dunkle Tiefe einen Brunnens des Verlangens, einer Quelle der Liebe?

Dies zu entscheiden zögert der Blick.

 

Für dieses, für jenes, der Geist wird entscheiden. Was macht’s?  Die Blume selbst will Kelch des Genusses sein.

06/03/2014

Sous le regard 11

Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald

Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald

 

 Voyageuses de l’éternité

 

Paysage où se mêlent la terre et l’eau : lac, étang, mer, peu nous importe.

   L’aquatique et le minéral s’épousent.

   L’accouplement suscite les nuances : vert, brun et bleu les uns avec les autres composent.

 Sur l’union des éléments, veille le ciel, absent de la toile, manifesté par la présence des grues.

  Vous, vastes migratrices des millénaires passés, des millénaires à venir, vous voici, assemblées pour la pause au cours de ce si long, de ce très haut périple intercontinental, ce fabuleux survol de nos villes et de nos campagnes.

    Tout en vous révèle et prouve souplesse et flexibilité.

   Armatures d’os et voilures de plumes, rémiges si fines et si résistantes face aux forces parfois contraires des courants aériens de toujours, qui sous toutes latitudes et longitudes soufflent leur violence antédiluvienne, voix de l’univers dont la rauque profondeur faisait, même à l’abri de sa caverne, l’homme trembler.

   La race des grues garde mémoire de ces âges, où l’Homme n’était qu’une bête apeurée, par tous les éléments malmenée.

   Lorsqu’en formation vous volez, magnifiques de discipline et de solidarité, l’Homme s’interroge.

    Faudrait-il refonder nos sociétés ?

 

Poèmes d ‚une Exposition neugrößer_Seite_24.jpg

 

Reisende der Ewigkeit

 

Landschaft, wo sich die Erde und das Wasser mischen: See, Teich, Meer, es ist uns gleich.

Wasser und Gestein vermählen sich.

Die Paarung schafft  Nuancen: Grün, Braun und Blau, eins mit dem anderen, vereinen sich.

Über dem Bund der Elemente wacht der Himmel, abwesend auf der Leinwand, gegenwärtig durch Anwesenheit der Kraniche.

 Ihr, großräumige Wanderer aus vergangenen Jahrtausenden, aus Jahrtausenden, die kommen, ihr hier, versammelt zu einer Pause auf der Strecke dieser so langen, dieser sehr hohen Fahrt über Kontinente, diesem märchenhaften Überfliegen unserer Städte und unserer  Länder.

Alles an euch offenbart und beweist Geschmeidigkeit und Biegsamkeit.

Gerüst aus Knochen und Tragflächen aus Federn, Schwungfedern so fein und so widerstandsfähig angesichts der Kräfte, manchmal widrig, der dauernden Luftströme, die auf allen Breiten und Längengraden ihre vorsintflutliche Gewalt blasen, Stimme des Universums, dessen heisere Tiefe, so gar im Schutz seiner Höhle, den Menschen zitternliess.

Die Gattung der Kraniche bewahrt das Gedächtnis jener Zeiten, da der Mensch nur ein ängstliches Tier war, durch alle Elemente bedrängt.

Wenn ihr in Formation fliegt, großartig in Disziplin und Solidarität, fragt sich der Mensch.

 

Sollten unsere Gesellschaften umgestaltet werden?