05/03/2014
Sous le regard 10
Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald
Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald
Révélation et mystère des iris
Iris violets, étamines ou pistils jaunes, tels rayons de soleil au repos, « parfums issus des yeux bleus », filles de l’arc-en-ciel, fleurs d’Allemagne…
Coupes, elles offrent leur mobile et mouvante beauté, sur le fond chatoyant, rideau de verdure.
Au jardin se promène le vent, chorégraphe de la danse florale.
Il sait, iris, vous chanter la musique, dont vos tiges s’enchantent.
Caprice génétique, ces feuilles en lames d’épées, dont s’étonnent les yeux.
Pourtant, comment rêver plus pacifique, plus apaisant spectacle que le souple balancement de vos tiges ?
Le peintre a déposé là sa boîte à magies ; les pinceaux n’attendent que des mains, pour les animer.
Révéler l’unicité de l’instant, la vérité sensible, tactile, olfactive et visuelle de la toile.
Puis là, s’allument d’autres iris, deux puits de rêves et d’interrogations.
Le front ne nous livrera pas le secret parfum de ses fleurs, inaccessibles à nos regards.
Tout va pour le mieux : le jardin se referme sur le précieux mystère.
Nous demeurons, à la porte.
Offenbarung und Geheimnis der Schwertlilien
Blaue Schwertlilien, gelbe Staubgefäße oder Stempel, solche Strahlen der ruhenden Sonne, „Duft aus blauen Augen“, Töchter des Regenbogens, Blumen aus Deutschland...
Kelche, sie bieten ihre bewegliche und bewegende Schönheit dar, auf schillerndem Grund, Vorhang aus Grün.
Im Garten geht der Wind spazieren, Choreograf des Blütentanzes.
Er weiß, Iris, die Musik zu singen, durch die die Stängel sich verzaubern.
Laune der Natur, diese Blätter als Schwertklingen, die die Augen überraschen.
Jedoch, wie friedlicher träumen als beim beruhigenderer Anblick des biegsame Schwingens eurer Stängel?
Die Malerin hat dort ihren Zauberkasten abgelegt; die Pinsel warten nur auf die Hände, die sie beleben
Um die Einzigartigkeit des Augenblick zu enthüllen, die Wahrheit empfindlich, zu fühlen, zu riechen und zu sehen auf der Leinwand.
Dann dort, leuchten weitere Iris auf, zwei Brunnen aus Träumen und Fragen.
Die Stirn wird nicht den geheimen Duft ihrer Blumen hergeben, unzugänglich unseren Blicken.
Alles wird gut: der Garten schließt sich wieder über dem kostbaren Geheimnis.
Wir bleiben, draussen.
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04/03/2014
Sous le regard 9
Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald
Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald
Au premier matin
Brume ou brouillard, qu’importe le mot ? La chose à nous s’impose.
Ici, la plus aiguisée des vues se brouille ; même le minéral s’amollit.
La pâleur nous confisque la cavalcade des vagues, lames et rouleaux, qui les uns sur les autres s’enroulent et s’écroulent, déroulent l’éternel fracas, le vacarme obsédant, d’une obstination à déferler de Pôle en Pôle.
Même le rivage doute de sa réalité. Il s’estompe, adoucit ses arêtes, déverse ses courbes incertaines vers l’immense absent.
Les couleurs se sont apaisées. Presque muettes, l’une dans l’autre, elles se dissolvent.
Pour celle ou celui qui, statufié, doit assister à la révélation, s’élève toujours, gronde et brame la sauvage musique des marées, à jamais inassouvies.
Originelle clameur des profondeurs. En dépit de ses habits, l’Homme demeure nu.
Am frühen Morgen
(Sea Mist, Streedagh)
Dunst oder Nebel, egal welches Wort? Die Sache beeindruckt uns.
Hier, der schärfste Blick, er verschwimmt; selbst das Gestein wird weich.
Die Blässe raubt uns weg den Zug der Wogen, Wellen und Brecher, die aufeinander heranrollen, einstürzen, wegrollen, ewiger Krach, zwanghaftes Getöse eines Beharrens von Pol zu Pol zu branden.
Selbst die Küstenlinie bezweifelt ihre Wirklichkeit. Sie verblasst, mildert ihre Kanten, schüttet ihre undeutlichen Kurven gegen das unermessliche Abwesende.
Die Farben haben sich beruhigt. Fast lautlos, die eine in die andere, lösen sie sich auf.
Für sie oder ihn, der, erstarrt, an dieser Offenbarung teilnehmen muss, erhebt sich immer, donnert und brüllt die wilde Musik der Gezeiten, auf immer ungestillt.
Ursprüngliches Geschrei der Tiefen. Trotz seiner Kleidung, der Mensch bleibt nackt.
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03/03/2014
Sous le regard 8
Tableaux d’Ursel Buchwald et traductions de Karlheinz Buchwald
Bilder von Ursel Buchwald und Übersetzungen von Kalrheinz Buchwald
Lune de nos rêves
Lune rousse, avec en surplomb cette arche de blancheur spectrale.
Astre, puits de mystères, source de rêves - pour nous, fils et filles de la Terre, écrasés par notre irrémédiable petitesse, notre solitude face aux portes de l’infini.
La logique, noyée, sous le flot d’énigmatiques images.
Réduite au statut d’hypothèse, l’humanité se débat, aux prises avec des liens oniriques.
L’océan boit la rousseur, étoile au cœur même de la noirceur.
Tous les poulpes ont répandu leur encre.
La côte échappe à nos regards. Elle s’est perdue, enfouie au ventre de la nuit.
Autour de l’axe, inaccessible aux téléscopes, tourne et vire l’univers.
Etoiles, au-delà de la toile, masquées par le glacial édredon des nuages.
Gageons que les vents coalisés, quelques fois, pour le ravissement de l’insomniaque, découvriront l’éternelle multitude des scintillements.
Alors, s’affirmera l’inquiétante splendeur de cette lune rousse, dans sa gloire.
Mond unserer Träume
Dunkelroter Mond, mit über ihm schwebend- diesem Bogen eines spektralen Weiß.
Gestirn, Brunnen der Geheimnisse, Quelle der Träume - für uns, Söhne und Töchter der Erde, erdrückt durch unsere Kleinheit, durch unsere unheilbare Einsamkeit im Angesicht der Tore des Unendlichen.
Das Denkvermögen, ertränkt, in der Flut rätselhafter Bilder.
Reduziert auf den Status seiner Hypothese kämpft die Menschheit, gefangen, mit Traumfesseln.
Der Ozean trinkt die Röte, Stern so gar im Herzen der Schwärze.
Alle Kraken haben ihre Tinte ausgestoßen.
Die Küste entzieht sich unseren Blicken. Sie ist verloren, entschwunden im Bauch der Nacht.
Um seine Achse, unerreichbar den Teleskopen, dreht und wirbelt das Universum.
Sterne, außerhalb der Leinwand, ausgeblendet durch die eisige Decke der Wolken.
Lass uns wetten, dass die verbündeten Winde, manches Mal, zum Entzücken des Schlaflosen, die ewige Vielheit des Flimmerns entdecken.
Dann kräftigt sich der beunruhigende Glanz dieses roten Mondes, in seinem Ruhm.
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