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24/12/2012

La statuette (13)

La statuette (1)

Treizième épisode

     Dans les prunelles vertes brûle la peur.  Sans cesser de regarder son ennemi, le chat recule, abandonne la place, puis tourne le dos à l’attaquant, et, en un bond puissant, se projette jusqu’en haut de l’armoire, montagne brune aux falaises lisses et verticales. Depuis ce  refuge, il se sent d’humeur à narguer le poursuivant malchanceux.

 

    Il ne sera pas dit que le ventre velu, monté sur dix pattes, partira bredouille. Puisque le matou s’est montré assez malin, reste le jeune dormeur, dont l’immobilité semble garantir un festin. Se dandinant et sautillant, la bête à l’appétit jamais en repos se dirige vers le lit.

    Les griffes pénètrent les couvertures, s’y accrochent, et l’animal se hisse, parvient à la plaine blanche formée par le rabat du drap. Sur cette neige chaude et parfumée de lavande, un bras encore potelé offre sa chair succulente. Dans la provende à la prometteuse tendresse, les dents s’enfoncent, arrachent aisément le premier morceau. Un flot rouge inonde le drap, vite imbibé par la persistance de l’effusion.

  (1) Nouvelle extraite de Au creux du Styx, onze textes, 238 pages, 12 euros, frais d’envoi offerts, payable par chèque ou avec Paypal. Livraison garantie dans les huit jours suivants le peiement.

 

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09:36 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

23/12/2012

La statuette (12)

La statuette (1)

Douzième épisode

     Sur l’esprit de l’enfant s’est abattu le rideau noir du sommeil. Est-il vraiment rassuré, ou prétend-il l’être, pour contenter le grand-père? Dans le grand lit, pour lui continent largement inexploré, le petit corps se tourne de droite et de gauche, et s’enfonce sous les couvertures, comme le loir dans son terrier.

 

    Dans le couloir, sur la toile, la bête vorace remue, car elle ne supporte plus la prison du cadre. La voilà qui se recroqueville, se tortille, afin de s’évader du tableau. Lentement, elle se détache de la scène dont elle était pourtant la principale actrice, comme si la fiction picturale ne l’intéressait plus. Veut-elle franchir la frontière qui sépare le phantasme de la réalité? Désire-t-elle s’affranchir de sa condition d’être fantastique, pour se réaliser, devenir palpable, donc assurément effroyable ?

    Sur le froid carrelage, alternance de carrés noirs et blancs, échiquier sans pièces qui jusque dans la cuisine prolonge sa vacuité, la bête a glissé ; son évasion a ouvert une brèche dans le cadre, par laquelle fuient les proies potentielles. Les rescapés s’éparpillent et vont se cacher dans tous les recoins favorables.

    Autant qu’il le peut, le monstre s’aplatit, s’insinue sous la porte de la chambre, où l’enfant se débat contre ses peurs. Le chat est alerté par le fumet répugnant que dégage le mangeur d’humains. Le matou se hérisse, feule, crache, mais ses mimiques d’hostilité ne rebutent pas l’intrus, lequel continue d’avancer vers le félin. S’il ne cède pas le passage, sa rapidité, sa souplesse et ses griffes ne lui serviront de rien. Il sera déchiqueté, dépecé, dévoré.

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22/12/2012

La statuette (11)

La statuette (1)

 Onzième épisode

     Les voix d’outre-tombe ont parlé, sans que Delapesadilla puisse les refouler :

 

   « - Pépère, j’ai peur de dormir. Tu sais, il y a une mauvaise bête, cachée sous le lit. Toute la nuit, je l’entends gratter le bois. Elle couine aussi sans arrêt. J’ai peur d’elle, Pépère. Je suis sûr qu’une nuit elle me mordra.  Peut-être qu’elle me mangera.         

     -Je vais regarder sous le lit. Si un animal féroce se terre là, j’irai  chercher ma carabine, et gare à la saleté ! Tu sais que je ne rate jamais ma cible. Non, je n’y vois qu’un peu de poussière. Mémère ne balaye pas tous les jours dans cette pièce. Elle le fera demain. Tu n’as rien à craindre, mon petit. Si tu entends couiner, ce sera la souris. 

    -Une souris ? Est-ce que ça mord ? Est-ce que ça monte sur les lits ?

    -Non, jamais ! »

    A ce point précis, l’enfant s’est interrogé. Pour la première fois peut-être, il a douté de la parole du grand-père, car il l’avait entendu raconter comment,  se  réveillant une nuit, le vieil homme avait eu la désagréable surprise de se trouver nez à nez avec une représentante de l’espèce trotte menue. De plus, Mémère ne s’était-elle pas souvenue, en sa présence, qu’un vieux cousin était mort étouffé, parce que l’une de ces bestioles, peut-être attirée par les remugles de la digestion, s’était faufilée dans le gosier du dormeur, mais n’avait pu ensuite en sortir ?

    «  - Il ne faut pas t’inquiéter pour si peu. Je ne pense pas qu’elle est entrée ici. Il n’y a pas de crottes sur le carrelage. Avant de me coucher, je vais poser des pièges, partout dans la maison. Et si tu veux, le chat viendra dormir dans ta chambre. Qu’en dis-tu ?

    - Oh oui, Pépère ! J’aime bien Minet. Il ronronne si fort !

    - Dors bien, mon petit. Bonne nuit.

    - Bonne nuit,  Pépère. Je n’ai plus peur, maintenant. »

  (1) Nouvelle extraite de Au creux du Styx, onze textes, 238 pages, 12 euros, frais d’envoi offerts, payable par chèque ou avec Paypal. Livraison garantie dans les huit jours suivants le peiement.

 

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