21/12/2012
La statuette (10)
La statuette (1)
Dixième épisode
D’étranges voix se sont élevées. Comme des plantes, elles ont poussé dans le terreau du silence. Etranges, parce que familières du passé, mais inaudibles au cœur du présent, sauf dans les rêves. Qui prend le temps d’écouter les morts? Il est vrai que, dans la ville où travaillait Delapesdilla, peu de gens s’arrêtaient pour écouter les vivants. Tous couraient d’une tâche à l’autre, d’une « affaire » à l’autre. Tous étaient donc très « affairés ». Louable affairement ! Il donne l’impression de vivre, et fait exister. Chacun remplit sa vie comme il le peut, comme l’oiseau capitonne son nid, avec des matériaux de hasard.
Nouvelle extraite de Au creux du Styx, onze textes, 238 pages, 12 euros, frais d’envoi offerts, payable par chèque ou avec Paypal. Livraison garantie dans les huit jours suivants le peiement.
Une centaine d’auteurs et leurs livres, à découvrir sur :
09:38 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)
20/12/2012
La statuette (9)
La statuette (1)
Neuvième épisode
Parmi les descendants, personne ne voulut conserver le bien maudit. La mise en vente chez un notaire fut aussitôt décidée, mais rares furent les acquéreurs potentiels. Le panneau « En vente » restait accroché sur le panneau de la porte, sans effet notable. Peu à peu, l’habitation se délabra, s’ouvrit aux quatre vents, à la pluie, la neige et la gelée, qui la dévastèrent. Dix ans après le drame, les ronces jetèrent sur le site une rébarbative couverture. Nul ne désira construire à neuf à cet endroit, jugé trop isolé. Le lieu fut condamné à un total et définitif abandon.
La sorcellerie du rêve peut tout, et plus particulièrement, accomplir ce que la réalité ne saurait jamais réaliser: l’effroyable beauté de l’impossible. La nuit dernière, l’océan noir des songes a soulevé Angel Delapesadilla de vague en vague, l’a porté de crête écumeuse en crête écumante. Ce cheminement d’une belle folie l’a ramené dans la maison par magie reconstruite.
Ses grands-parents sont ressuscités. Lui, l’homme mûr, est redevenu petit garçon. Pour une partie des vacances, il séjourne chez Pépère et Mémère. Est venue l’heure du coucher. L’œuvre démente a disparu, dans un tourbillon de poussière illuminé par une lune à la rondeur parfaite. Dans la chambre d’amis, la statuette de bronze se dresse sur la table de chevet. L’enfant n’aime pas le guerrier, qui n’est guère moins velu que le monstre du tableau. Le premier serait-il complice du second, cet insatiable ventre ?
(1) Nouvelle extraite de Au creux du Styx, onze textes, 238 pages, 12 euros, frais d’envoi offerts, payable par chèque ou avec Paypal. Livraison garantie dans les huit jours suivants le peiement.
Une centaine d’auteurs et leurs livres, à découvrir sur :
09:38 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)
19/12/2012
La statuette (8)
La statuette (1)
Huitième épisode
Jamais ils n’avaient voulu installer le téléphone. Angel et ses parents résidaient à sept cents kilomètres de la maison familiale. Un mois s’écoula sans nouvelles. La longueur inhabituelle de ce silence finit par inquiéter le couple, qui décida de rendre une visite impromptue aux deux vieillards. Ils possédaient un double de la clef. Angel ne pourrait, désormais, libérer totalement son esprit de l’horreur, cette fois-là bien réelle.
Les héritiers emportèrent, vendirent ou jetèrent les meubles et divers objets du ménage, ne laissant sur place que le tableau cauchemardesque et une statuette de bronze, hideuse figure d’un guerrier chevelu, vêtu d’une tunique courte, qui brandissait dans la main droite un glaive au fil tranchant. Une menace informulée tordait la bouche. La brute riboulait des yeux sanguinaires. La violence, même figée dans le métal, n’en paraissait pas moins redoutable.
(1) Nouvelle extraite de Au creux du Styx, onze textes, 238 pages, 12 euros, frais d’envoi offerts, payable par chèque ou avec Paypal. Livraison garantie dans les huit jours suivants le peiement.
Une centaine d’auteurs et leurs livres, à découvrir sur : www.signature-touraine.fr
09:58 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)