09/11/2012
Gare (Homme de...)
GARE (1)
(Prélude à Homme de Nulle Part, Homme de Rien)
Ils passent, passent, passent,
Les longs trains de grandes lignes,
Et tranchent l’atmosphère
En blocs durs et compacts,
Qui tombent sur les quais,
Où s’empilent des horaires
- Contradictoires-
Et des destinées mal comprises.
Ils filent, filent, filent,
Ces puissants brise-glace terriens,
Le front têtu,
Armé d’un fer implacable.
Ils courent, courent, courent,
Vers les culs-de-sac des capitales,
Infestées de sauterelles,
Où le poète trop souvent perdit sa vie.
(1) Extrait de L’Insoutenable, 1978)
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08/11/2012
Permancence
Permanence (1)
Nul besoin que tu sois nue,
Pour que je te sache.
Suffit que de la tendresse
Pousse le sourire.
Ce nénuphar affleure,
Se dévoile et s’épanche,
A la surface de ton visage.
Il illumine les profondes eaux
De ta chair.
Tu t’annexes alors l’arc-en-ciel,
Dont tu épouses les gerbes,
Jaillissantes de couleurs.
Des corbeilles d’étoiles s’épandent
Sur tes prairies de goémon,
Constellées de soleil vermeil,
Où paissent les vagues.
Seul l’œil perspicace du Poète aperçoit
Tes saisons,
Et de tes océans les variations.
Pour les aveugles profanes,
Ton mystère demeure hiéroglyphe.
Quand tu pars,
Ton enfance me laisse son halo.
J’en suis tout éclairé du dedans.
Quant au miroir,
Si friand de ton image,
Même si tu l’as boudé,
Il exalte ton souvenir.
Quant tu pars,
Tu es parfois si distraite
Qu’au plafond tu oublies
Ton ombre.
Elle cherche ton corps ingrat
Et le pleure.
Entre mes mains souriantes,
Je la recueille, la berce et la câline.
Je lui dis que tu reviendras.
Elle se console et s’endort.
Quand tu pars, L’hirondelle de ta voix s’attarde.
D’un mur à l’autre,
Elle virevolte et tourbillonne.
Puis, lasse,
Elle flâne et plane,
Pour savourer un grain de soleil
Ou s’abriter sous une écharpe d’ombre.
J’ordonne les légendes du silence,
Pour que rien ne brise
Ses ailes de cristal grave.
A l’immobilité de mon corps,
Ta voix se confie.
Dans l’oreille elle s’aventure.
Douce trappe, le tympan se referme.
Ainsi, jamais tu ne me manqueras.
(1) Extrait de L’insoutenable, 1976
09:16 Publié dans Poèsie | Lien permanent | Commentaires (0)
07/11/2012
La pâte à mâcher
La pâte à mâcher
Alors que je ne prise pas du tout cette saloperie chimique, je trouve, sous mon lit (mais visible tout de même, car prés du bord gauche) une pâte à mâcher, desséchée, collée à la moquette. Pour celles et ceux qui ne le sauraient pas, la « pâte à mâcher » s’appelle aussi chewing-gum, tas d’ignares !
Aussitôt, je vitupère contre ces mangeurs de boules parfumées, qui vous ballonnent l’estomac et, dit-on, vous donnent faim à toute heure, ce qui pousse le drogué à filer dare-dare chez Mac Donald, où il se délectera de viande grasse, de frites graisseuses, de glaces et sodas qui, réunis, contiennent l’apport en sucre pour une semaine. Ainsi, l’obésité va continuer de prospérer, pour le plus grand profit des professions médicales.
Je ne parle même pas de la laideur des mâcheurs de pâte chimique et collante jusqu’à l’obstination, lorsqu’ils nous infligent la vue de leurs joues monstrueusement gonflées, qui vers l’interlocuteur projettent des bulles aussi peu appétissantes que des crachats !
Merci, mille fois merci, Mickey Mouse, continue de nous empoisonner ! Dire que je suis peut-être, involontairement, coupable de la présence de la répugnante boulette, qui probablement avait adhéré à la semelle d’un chausson. Où allons-nous, je vous le demande, si même nos chaussons nous trahissent !
12:13 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)