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16/01/2013

l'aube (4)

 

    Dans quelques jours, publication des Dix Commandements, qu’il faut appliquer, pour une belle réussite éditoriale. Si vous êtes auteur, prenez-en de la graine ! Sinon, communiquez cette grande nouvelle à vos amis auteurs. 

 

L’aube (4)

 

     Pour commencer, en prospecteur méthodique, Unha Piness chercha dans le Grand Livre de la Science Téléphonique les noms et adresses des spécialistes du déguisement. Jugeant que la vie n’est qu’une mascarade, où chacun arbore des couleurs apprises par dressage, et que, s’il voulait être Blanc, la raison en était peut-être qu’une âme blanche s’était par erreur logée dans ce corps noir, Unha Piness se sentit autorisé à commettre un maquillage partiel, condition requise pour s’emparer du bonheur.

    Chez le marchand, l’acheteur essaya de nombreux masques, et en choisit un, qui lui parut plus occidental, donc plus convaincant que les autres. Peut-être le réalisme excessif de l’artefact facial suffit-il à le dénoncer ; peut-être la police fédérale et les journaux, écrits, radiophoniques et télévisés, avaient-ils averti les authentiques Blancs, ceux qui avaient bénéficié des décapages administrés par la marque de lessive la plus vantée, dans son insondable sagesse par Notre Sainte Mère la Publicité, qu’un complot ourdi par la négritude internationale, visait à les déposséder de leur blême privilège. Quoi qu’il en fût, voyant les mains du déguisé, les passants s’exclamèrent :

    « Oh, le nègre blanc ! »

    Nouvelle extraite de Voyage au Pays d’Haysitrabdu,19 nouvelles fantastiques, 140 pages, 12 Euros, frais d’envoi offerts.

 

 

09:35 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

15/01/2013

L'aube (3)

 

L’aube (3)

 

   Le malheur d’être noir était, lui rappelait-on, une malédiction échue fort justement aux paresseux, aux vicieux et aux irrécupérables. Qui aurait pu, sous prétexte que le choix des damnés avait été arbitraire, refuser ce jugement patriarcal et céleste ? Le pire, pour l’adolescent rejeté, c’était que leur mensonge, à force d’être réitéré, était devenu la vérité officielle, l’unique credo contre lequel on ne pouvait s’insurger sans passer pour fou.

    Bien que contre cet ostracisme Unha Piness se défendît avec une joyeuse vivacité, son caractère s’assombrissait. Que n’aurait-il donné pour changer de peau ! Si je devenais Blanc, pensait l’infortuné, je serais normal et même bon ; donc, je pourrais apprendre à tenir le rôle d’un citoyen actif, travailleur et utile à son pays. Aussi tenta-t-il d’imaginer des subterfuges.

   Nouvelle extraite de Voyage au Pays d’Haysitrabdu,19 nouvelles fantastiques, 140 pages, 12 Euros, frais d’envoi offerts.

 

 

09:40 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)

14/01/2013

L'aube (2)

 

L’aube (2)

 

    Ce qui mortifiait le plus cet exclu, c’était la façon distante qu’ils affectionnaient, pour faire mine de l’écouter, avec un intérêt zoologique pour les caractéristiques de son étrange et étrangère individualité ; ou, plutôt que pour les particularités de sa personne (Unha Piness n’était pas très sûr d’être humain) pour celles de ce que les blancs, très fiers de leur absence de couleur, nommaient sa « race ».

    Ce dernier substantif signifiait pour eux un cocktail de tares inséparables de la couleur noire : l’habitat en ghetto, comme on dirait, par exemple, que le gorille ne peut vivre que dans les forêts équatoriales ; le bain de crasse dans lequel se complairait son espèce, tel le porc dans la boue ; l’usage fréquent et suicidaire des drogues, qui l’enferrerait  dans une criminalité contagieuse ; la violence érigée en principe d’existence ; enfin, la propension à des déchaînements sexuels prématurés, voire incestueux.

   Nouvelle extraite de Voyage au Pays d’Haysitrabdu,19 nouvelles fantastiques, 140 pages, 12 Euros, frais d’envoi offerts.

 

 

09:41 Publié dans Nouvelles | Lien permanent | Commentaires (0)