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17/10/2014

L'apéritif des notables 1

L’apéritif des notables 1

(Extrait de Et passent les rats)

 

   

    Monseigneur Angel Pesar de la Cruz s’éponge le front. La grand’messe vient de s’achever.  Puissamment, la voix grave de  l’archevêque a tonné contre le vice, la corruption, le goût si répandu pour le lucre, celui non moins courant de la luxure, l’infidélité conjugale, les déviations sexuelles, l’irrespect des enfants pour les parents, le peu de cas que l’on fait des cheveux blancs, le manque de charité, l’insuffisante ferveur religieuse de nombreux habitants, l’abandon des valeurs chrétiennes, le cynisme des marchands de canons, l’égoïsme de l’élite financière, la paresse et le laisser-aller, au total contre les mille tares dont souffre la ville, et qui font d’elle une vieillarde percluse d’une variété d’arthrose sociologique.

    Tout le temps que gronda l’homélie, le lutrin atypique n’a pas bronché : son bec ne s’est pas ouvert et nul vent n’a soulevé ses ailes déployées. Seuls les rubis de ses yeux ont rougeoyé, sombrement, comme animés par une arrière-pensée que l’âme humaine ne saurait sonder. Les rats, qui se terrent dans les recoins humides des chapelles, ont frémi. Leurs moustaches ont vibré, mais nous ne saurons pas ce qu’exprimait ce mouvement…  

   

 

 

09:50 Publié dans Romans | Lien permanent | Commentaires (0)

15/10/2014

Vidage de pots de chambres

Vidage de pots de chambre

 

  

   Hier, dimanche 14 septembre 2014, nous sommes revenus de la Sarthe, plus précisément de Contilly, village situé près de la petite ville de Mamers, après une visite aux cousins Esnault, « du côté d’Élisabeth ».

   Avec eux et même, avant cela le samedi, avec Yvette l’ex-compagne d’André Manson, qui l’année dernière le soutint au cours de son atroce agonie, nous avons parlé de l’inévitable sujet actuel : le livre de Valérie Trierweiler.

Unanimité absolue : nous nous refusons à lire de pareilles cochonneries. Un livre, où l’auteur n’a pas de plus haute ambition que celle de régler ses comptes personnels, n’aura jamais à nos yeux qu’une valeur nulle.

Il existe un public, hélas, pour ces livres poubelles. La preuve : rupture de stock en deux ou trois jours, 170.000 exemplaires écoulés, la dame perçoit cinq cent mille Euros d’à-valoir, plus cent quatre vingt mille en droits d’auteur pour le premier tirage.

Un livre qu’elle n’a pas écrit, de surcroît.

Quant à « l’éditeur », il doit jubiler, bicher, se frotter les mains, se congratuler lui-même.

   Arrivés chez nous, je trouve dans le courrier un chèque, émis par Amazon, de trois Euros dix centimes. Mes droits d’auteur pour deux livres électroniques, Entre muraille et canal et Pot-pourri tourangeau.

Des livres que j’ai bien sûr écrits moi-même, et pas des dépotoirs, ni des règlements de comptes.

 

Des livres où j’ai voulu mettre le meilleur de moi-même, que j’ai médités, chéris, peaufinés, mais qui n’auront pas de succès parce que, au contraire de Mme Valérie Trierweiler, je ne vide pas les pots de chambre sur la place publique. Il est vrai que des centaines de milliers de personnes se repaissent de cette piètre nourriture intellectuelle – mieux, s’en régalent.

13/10/2014

L'amertume de la déception

L’amertume de la déception

 

Jeudi 14 août 2014, à Saint-Cyr-sur-Loire

   

   Nous revenons d’une promenade sur l’Île Simon ; pour cela, nous prenons les Cent Marches, bellement rénovées l’an dernier.

    En bas, une plaque de cuivre annonce que les noms « d’illustres écrivains » seront gravés sur les marches, un par mois si ma mémoire est bonne.

    Quelle belle initiative ! Aussitôt, naïf, je me dis : oui, le théologien Grégoire de Tours, Pierre de Ronsard le tendre poète, le paillard et gouailleur François Rabelais, René Descartes le méthodique, le passionné, le gigantesque Honoré de Balzac, le si romantique Alfred de Vigny, Anatole France, subtil ironiste, le très lucide Henri Bergson, Bernard Clavel, le chantre des classes laborieuses, Jacques Lanzman le globe-trotter, Jean-Marie Laclavetine à la belle insolence, Martine Le Coz et ses personnages flamboyants, tous nés en Touraine ou ayant vécu dans cette province.

    N’avez-vous pas remarqué, hélas, que le substantif « déception » attire à lui, irrésistiblement, l’adjectif « amère » ? Notez bien que je n’avais pas inclu mon pseudonyme dans la liste. De quel droit me considérerais-je comme « illustre » ?

    Les deux premières marches, en haut de l’escalier, portent les noms de deux journalistes, animateurs de télévision…

    Même en haut des cent marches, nous sommes tombés bien bas.

   A qui profite le léchage de cul ?