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27/12/2013

LLAMAZARES 9

Une entrevue avec Julio Llamazares 9

 

(Magazine Qué leer)

 

 

    Le mensonge de la mémoire votre personnage, qui écrit un livre ayant pour titre celui de ce roman, dit qu’il écrit pour ne pas tomber en dépression, bien qu’ensuite il arrête d’écrire, précisément parce qu’il est en train de s’enfoncer. Pour vous, existe-t-il une valeur thérapeutique de l’écriture ?

Tout cela, le roman qu’est en train d’écrire le personnage est un jeu avec moi-même et se rapporte au fait que tous nous finissons par faire la même chose, par faire les mêmes rêves, par avoir les mêmes déceptions et les mêmes illusions. Mais oui, il y a une sorte de réflexion non préméditée sur la valeur thérapeutique de la littérature. Je suis conscient du fait que, si je suis à peu près normal, c’est grâce à la littérature. Nous, les écrivains, nous avons un privilège, nous gagnons de l’argent, là où les autres doivent payer, en racontant notre vie. La littérature est une purge du cœur. Mais parfois les thèmes sont tellement douloureux et tellement durs que tu ne peux pas les décrire, à certains moments de ta vie. Celui qui est un véritable écrivain…

 

Español

 

 

 

-Su personaje, que está escribiendo un libro que tiene el título de esta novela, dice que escribe para no caer en la depresión, aunque luego deja de escribir, precisamente porque se está hundiendo. ¿Existe para usted un valor terapéutico en la escritura?

-Todo eso de la novela que está escribiendo el personaje es un juego conmigo mismo y tiene que ver con que todos acabamos haciendo lo mismo y teniendo los mismos sueños, decepciones e ilusiones. Pero sí, también hay una especie de reflexión no muy premeditada sobre el valor terapéutico de la literatura. Yo soy consciente de que si soy mediamente normal es por la literatura. Los escritores tenemos un privilegio, cobramos por lo que los demás pagan, por contar nuestra vida. La literatura es una purga de tu corazón. Pero a veces los temas son tan dolorosos o tan duros que no puedes escribirlos en determinados momentos de la vida. El que es un verdadero escritor…

 

 

 

26/12/2013

LLAMAZARES 8

Une entrevue avec Julio Llamazares 8

 (Magazine Qué leer)

Ce n’est pas triste, mais pas complaisant non plus.

Parce que en réalité je n’écris pas pour distraire quiconque, j’écris pour communiquer des sentiments et des pensées, j’écris pour émouvoir le lecteur. C’est certainement à cause de cela que j’écris si peu et que je n’ai pas une stratégie claire comme écrivain. J’écris ce que l’âme exige de moi, ce que le corps exige de moi, à mesure que j’avance dans l’existence. Tu émets sur une certaine fréquence et les lecteurs qui sont sur la même fréquence te répondent. On a les lecteurs qui nous conviennent, grâce à nos thèmes, notre sensibilité, notre style.

 

Español

 

-No es triste, pero tampoco es complaciente.

-Porque en realidad yo no escribo para entretener a nadie, yo escribo para transmitir sentimientos y pensamientos, escribo para conmover al lector. Por eso, seguramente, escribo tan poco y por eso no tengo una estrategia decidida como escritor. Escribo lo que me pide el alma, lo que me pide el cuerpo, a medida que voy viviendo. Tú emites en una frecuencia y te contestan los lectores que están en la misma frecuencia. Uno tiene los lectores que le corresponden por los temas, por la sensibilidad, por el estilo.

 

 

 

 

25/12/2013

LLAMAZARES 7

  

 Une entrevue avec Julio Llamazares 7

 (Magazine Qué leer)

 

 

D’où la mélancolie ?

Oui, mais je ne crois pas qu’il y ait plus de mélancolie que dans mes autres romans.

S’il n’y en a pas plus, au moins elle est plus évidente…

Elle est plus explicite. Ici, le personnage médite sur le passage du temps, en un lieu où il n’était pas revenu depuis sa jeunesse et où le temps ne passait pas, c’était le temps du bonheur. Cette mélancolie vient aussi un peu de ce que disait Ortega, à savoir que tout effort inutile conduit à la mélancolie. La vie est un effort qui, à la fin, s’avère inutile et cela accentue la mélancolie.

 Ce sont les pertes qui s’additionnent avec le passage des années et qui vous servent, pour bâtir la structure du roman, n’est-ce pas ?

C’est que vivre revient à perdre continuellement des choses et des personnes. Il y a un titre de Gamoneda, Les pertes brûlent … et les pertes t’accompagnent toute ta vie. Perdre des choses, des personnes, des désirs, des illusions… C’est ça la vie, au fond. De toute façon, je voudrais dire que ce roman n’est pas un roman triste, il est comme la vie même. C’est l’histoire d’un personnage qui, à cinquante ans passés, regarde le ciel avec son fils et alors l’imagination et la mémoire s’emballent.

 

Español

 

   -¿Y de ahí la melancolía?

  -Sí, pero no creo que haya más melancolía que en otras de mis novelas.

  -Si no hay más, al menos es más evidente…

  -Es más explícita. Aquí, esa meditación sobre el paso del tiempo la hace el personaje en un lugar al que no ha vuelto desde que era joven y donde el tiempo no pasaba, era el tiempo de la felicidad. Esa melancolía también viene un poco de aquello que decía Ortega, de que cualquier esfuerzo inútil conduce a la melancolía. La vida es un esfuerzo que se revela al final inútil y eso acentúa la melancolía.

-Eso y las pérdidas que se van sumando con el paso de los años y que le sirven a usted para construir la estructura de la novela, ¿no?

-Es que vivir es ir perdiendo cosas y personas. Hay un título de un libro de Gamoneda, Arden las pérdidas… cómo las pérdidas te acompañan toda tu vida. Perder cosas, personas, deseos, ilusiones… eso es la vida al final. De todos modos, quisiera decir que la novela no es una novela triste, es como la vida misma. Es la historia de un personaje al que, pasados los cincuenta años y mirando el cielo con su hijo, se le dispara la imaginación y la memoria.