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06/12/2013

Jean Genet 17

Jean Genet 17

 Haute surveillance

 

   Avant même de lire  cette fable, le seul titre suffit à nous renseigner clairement sur le thème abordé : la prison, lieu de formation de la pensée de l’auteur, même si le vagabondage criminel « l’éduqua » tout autant ; le paradoxe de Genet se trouve résumé dans cette contradiction : la totale privation de liberté, d’une part, et l’absolue liberté, d’autre part, si l’on veut bien admettre comme prémisse que le refus des conventions et de la morale aboutit à un réel affranchissement. L’univers mental de Genet s’articule, perpétuellement, autour de ces deux axes. La fable naît à la jonction des deux expériences, complémentaires jusque dans leur opposition. Puis, Jean Genet gagne sa véritable liberté grâce à l’outil de l’écriture : l’artifice du chant  transcende le déchirement et magnifie l’abjection.

    La pièce compte trois protagonistes : Yeux-Verts, assassin qui doit être décapité ; Maurice 17 ans et Lefranc 23. Tous deux admirent Yeux-Verts, mais Lefranc éprouve de la jalousie, parce que les deux autres entretiennent une relation privilégiée, ce qui ne signifie pas homosexuelle. 

    Ils évoquent souvent une puissance tutélaire, un Africain surnommé Boule-de-Neige, autre assassin, le héros de la prison. Le gardien ne se montre que deux fois : une première pour servir de messager entre Boule-de-Neige et Yeux-Verts. Ce dernier lègue sa femme au gardien. Yeux-Verts évolue vers la sagesse : il renonce aux biens de ce monde, atteint la sérénité, accepte la mort prochaine.

 

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

09:13 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

05/12/2013

Jean Genet 16

Jean Genet 16

 Vers une écriture réflexive

 Théâtre de la dérision, dérision du théâtre

 

   Avant toute chose, il me faut reconnaître ma dette intellectuelle certaine envers le préfacier des cinq pièces de Jean Genet, Michel Corvin, qui définit souvent les pièces de Genet comme des « fables ». Le mot me semble juste, pour plusieurs raisons : la fable n’est jamais contée pour elle-même, mais pour l’enseignement que le lecteur ou l’auditeur pourra en tirer ; ce très ancien type d’histoire, qui nous évoque immédiatement les noms d’Esope et de La Fontaine, autorise de multiples interprétations. Lorsque les circonstances historiques ne permettent pas la libre expression, c’est-à-dire la plupart du temps, la fable sait cacher, sous d’acceptables apparences, les vérités inacceptables pour les tyrans. Il suffit de déplacer les aberrations et l’horreur de cette époque et de ce pays  vers d’autres circonstances, de préférence totalement imaginaires, afin de produire l’illusion d’un récit parfaitement inoffensif, qui ne concerne pas les autorités en place.

    Le caractère commun aux pièces de Genet, certainement, est l’irréalisme des situations mais, par ailleurs, chacune d’elles nous renvoie à des réalités sociales, historiques et politiques connues. 

    Cela nous amène à l’étude, ici seulement esquissée, de chacune des cinq pièces.

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

09:19 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

04/12/2013

Jean Genet 15

Jean Genet 15

 Vers une écriture réflexive

 Journal du voleur ou JDV

  

   La trahison doit blesser celui qui lui donne sa confiance, en l’occurrence Armand, , brute à la méchanceté sans défaut, que Genet nous présente néanmoins fabriquant de la dentelle, lors d’une période miséreuse ; il nous livre la un exemple de féminisation d’un Dur. Genet se venge ainsi d’Armaand, qui l’a possédé avec la plus extrême brutalité.

   Puisqu’il a trahi le Maître, le disciple n’a qu’une seule issue, la fuite. La fin du voyage coïncide avec la réalisation du but si ardemment désiré. La trahison est aussi l’une des formes du suicide : le traître supprime en l’Autre l’image idéale de soi. 

    Le séjour en Belgique annonce    c le retour au pays natal tant détesté, mais lieu nécessaire à l’auto-accusation, forme suprême de la trahison.

   « Si raciste signifie tout homme qui voit dans l’homme asservi un sous-homme qu’il peut mépriser, il le méprisera toujours plus, afin de l’exploiter toujours plus, pour le mépriser et l’asservir plus, et ceci à l’infini. » Un captif amoureux, P. 319

 

Article paru en 2010, dans Art et Poésie de Touraine et Florilège.

 

 

 

08:48 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)