19/10/2013
Ces si belles lettres 14
Ces si belles lettres de nos très chers éditeurs (14)
Parfois pourtant, le doute assaille l’auteur aux livres systématiquement refusés. Si, après tout, notre production ne valait rien ? Si le style en était peu soigné ? L’histoire inintéressante ? Les idées confuses ? S’il y avait inadéquation entre le style et le sujet ? Si nous n’avions fait que pondre un fatras digne de la corbeille à papiers ?
En d’autres termes, si nous avions commis un horrible avorton ? Si les heures de laborieuse solitude allaient se solder par un constat d’échec ?
Voilà qui serait insupportable. Non, vraiment, mieux vaut penser que notre ouvrage est trop original. Ne nous le disent-ils pas tous ? Parce qu’il ne peut entrer dans aucune collection, il est inclassable, donc génial. La pensée se mord la queue.
Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, en vente sur ce blog.
10:11 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)
18/10/2013
Ces si belles lettres 13
Ces si belles lettres de nos très chers éditeurs (13)
Comment ? Vous avez dit l’argent ?
Non, cela ne se peut ! Chacun sait que l’éditeur se dévoue totalement à la littérature, aux livres en général. Il aime les Belles Lettes et ne veut que leur bien. Les auteurs, surtout s’ils sont méconnus donc nécessairement géniaux, incarnent l’esprit littéraire. Certes, ce sont des monstres, mais n’oublions pas d’adjoindre au substantif l’adjectif épithète « sacrés ». Même le plus ignare des lecteurs sait tout cela.
Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, en vente sur ce blog.
09:25 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)
17/10/2013
Ces si belles lettres 11
Ces si belles lettres de nos très chers éditeurs (12)
D’ailleurs, si les éditeurs ne publient pas nos livres, cela peut être pour deux raisons opposées : soit ils les jugent trop mauvais, soit ils sont trop bons.
De façon évidente, pour le confort de l’ego, afin de préserver les jouissances de l’orgueil, mieux vaut choisir la seconde hypothèse. La tour d’ivoire monte, s’élève, monte plus haut, s’élève encore, même si l’ivoire n’est que du toc.
Du haut de la citadelle, l’écrivain abaisse le regard en direction de la tourbe éditoriale. Qui sont ces mirmidons, ces lilliputiens ? A-t-on jamais vu pareille agitation ? Quels motifs agitent ces bestioles vaguement humanoïdes ?
Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, en vente sur ce blog.
08:29 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)