Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

16/10/2013

Ces si belles lettres 11

  Ces si belles lettres de nos très chers éditeurs (11)

 

   Certains poussent l’amabilité jusqu’à laisser entendre qu’ils ont des regrets de ne pouvoir publier l’œuvre, pour cause de programme de publications déjà trop chargé.

    Que pense l’auteur, lorsqu’il découvre les regrets de l’éditeur ? La formule n’est destinée qu’à lui seul, bien entendu. Elle a été forgée pour sa seule personne. Le tapuscrit est si bon que l’éditeur ne le renvoie qu’à contrecœur, certain qu’il est de le voir trouver place dans une autre collection, une autre maison.

    L’auteur se rengorge. Il se sent bourré de talent. S’il a bien dormi, bien déjeuné, fait l’amour avec fougue, le voilà qui se sent devenir génial.

    Or, tout le mal  nous ronge là. Le génie sera toujours méconnu. C’est sa marque distinctive, son éternelle malédiction.

   

Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, en vente sur ce blog.

 

 

  

 

 

09:56 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

15/10/2013

Ces si belles lettres 10

  Ces si belles lettres de nos très chers éditeurs (10)

 

   La sécheresse pincée constitue l’exception. D’une manière générale, ils n’aiment pas nous brusquer, nous les obscurs tâcherons du stylographe impénitent. Le plus souvent, ils nous révèlent ou nous confirment que notre paquet de feuilles noircies d’encre ne correspond pas à la « ligne éditoriale ». Si d’avance nous le subodorions, c’est par mesquine ruse que nous l’avons envoyé.

     Sait-on jamais ? Si telle lectrice ou tel lecteur oubliait de s’armer des  bésicles de la critique, de passer nos pages au tamis ? Le « tapuscrit », pur produit du traitement de texte, passerait en contrebande, ou comme un voyageur clandestin, à fond de cale.

     Que ne ferions-nous pas pour quitter le quai de l’obscurité, pour aborder l’océan de la célébrité ? Une fois en haute mer, ils n’auraient pas le cœur de nous livrer en pâture aux requins de la critique, même si ceux-là ne sont pas les pires. Les confrères et consœurs peuvent aussi avoir les dents très longues… A défaut d’être de voraces requins, il s’en trouve dont le comportement corrobore la vérité du dicton :

    «  Homo hominien lupus. »

   

Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, en vente sur ce blog.

 

 

 

09:27 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

14/10/2013

Ces si belles lettres 9

Ces si belles lettres de nos très chers éditeurs (

 

     «  C’est insensé ! Oser nous adresser de pareilles serpillières ! Ma parole, il y a une histoire, des personnages, qui ont une famille, un destin ! Allons jeter un cil à la fin… Et ça se termine en drame ! Quelle honte ! Pour tout empirer, une prose poétique ! Un style très soigné ! Est-ce permis d’écrire ainsi, au XXI siècle ? »

    Le (ou la) professionnel(le) de la lecture prend à témoin un ou une collègue. Ils sont outrés, scandalisés. Ce gougnafier de Yann Le Puits aura ce qu’il mérite : la lettre la plus sèche possible, dans le genre « Surtout, n’y revenez pas, nous n’avons pas de temps à perdre. Pigé ? Ouste ! »

    Celui-là ne sera pas allé chercher midi à quatorze heures. Il est vrai que chacun voit midi à sa porte, n’est-ce pas ? Même sous le soleil de la Grèce, tout le monde ne se nomme pas Hercule – ou Héraclès.   

   

 

Extrait de Hautes sources, vastes estuaires, en vente sur ce blog.

09:02 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)