Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

03/06/2012

Unilinguisme et chauvinisme

Unilinguisme et chauvinisme

 

   Lorsque j’ouïs (sans jouir) des personnes, par ailleurs point sottes, déclarer sans rougir que, pour les nuances et les subtilités, le français surpasse tous les autres idiomes, j’ai du mal à ne pas éclater de rire.

     Est-ce le résultat du seul hasard ? Généralement, ces chauvins ne possèdent, au mieux, que de très vagues rudiments d’une langue étrangère. Je compare cette étroitesse de vue à ce que dirait un sourd congénital, qui prétendrait que la musique n’est qu’une chimère. Célébrer, magnifier ses limites ou ses insuffisances, quelle triste échappatoire ! La paresse se prélasse, à l’abri d’un confort fait d’ignorance. Ne parlons même pas des innombrables richesses, dont nous prive l’unilinguisme.  

 

13:41 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

06/05/2012

Le bonimenteur

Aux lectrices et lecteurs

 

    Je vous confirme l’absence annoncée, du 8 au 23 mai. Au cours de cette période, je ne mettrai pas de nouveaux textes en ligne, mais si vous n’avez appris que récemment l’existence du blog, vous savez que les réserves ne manquent pas.

    Si vous avez déjà tout lu, je ne puis que vous encourager à relire, car chacun sait que, souvent, chaque nouvelle lecture nous fait apercevoir des aspects nouveaux.

    Je profite de l’occasion pour remercier toutes celles et tous ceux qui viennent, nombreux et souvent, lire mes textes. Quelques chiffres : en mars, 197 visiteurs et 543 visites ; en avril, 324 visiteurs et 1203 visites.

     Merci, également, aux personnes qui ont fait circuler l’information ; quant à celles qui ne l’ont pas encore fait, il n’est pas trop tard !

   

     Yann Le Puits

                   

Le bonimenteur

 

     Chemise blanche immaculée, cravate honorablement nouée, lunettes en juste et sérieux équilibre sur le nez, il affecte l’assurance d’un marchand de tapis.

    Nous lui exposons le but de notre visite. Oui, changer de voiture, cela se réfléchit.

    Monsieur le Conseiller Commercial va réfléchir avec nous. Mieux : il va nous proposer des avantages, « une formule » mirobolante, époustouflante !

    Ah, nous ne sommes pas obligés de verser la totalité de la somme le jour de la livraison ? Il resterait un solde de 3.500 Euros, à rembourser en cinq ans, mais cela ne serait pas un crédit. Donc, pas d’intérêts à payer.

    Je commence à flairer le piège. Cette générosité cache un mensonge.

    - La garantie platine, Madame, Monsieur, pour cinq ans, vous n’avez aucun souci, nous nous occupons de tout, contrôles, réglages, vidanges, réparations, remorquages, prêt d’une voiture, rapatriement, vous savez, comme une assurance, lorsque vous souscrivez à un contrat vous ne savez pas s’il vous servira ou non, mais vous êtes bien contents de l’avoir, quand les problèmes se présentent, c’est cela que nous vous offrons, vous ne courez aucun risque et de plus vous maîtrisez votre budget automobile.

    Je veux savoir à combien s’élèveront les mensualités. Il sort sa calculette, se met à pianoter. De tête, j’ai déjà calculé que cela se monterait à environ 60 Euros par mois. Triomphant, il annonce : 128 Euros !

    Bizarre, n’est-ce pas ? De nous deux, qui s’est trompé ?

    Ni l’un, ni l’autre, mais cet agréable arsouille nous cachait une partie de ses cartes : afin de dormir sur nos deux oreilles, il nous suffirait de doubler la mise. Quel beau cadeau, en vérité !

    De plus, admirons l’habileté du langage : il s’adresse à nous au présent de l’indicatif, donc il nous place dans la situation qu’il veut créer. D’un hypothétique accord, il passe subrepticement à nos signatures acquises. Pas une seconde il n’envisage le conditionnel. Il dévide la bobine de ses arguments appris par cœur et nous dicte notre conduite, avec une parfaite courtoisie.

    Avec nous, contre nous, il joue comme le serpent python hypnotisant sa proie. Il ne faut pas que nous puissions réfléchir. Ses paroles enjôleuses et séductrices coulent à flots, il nous serine jusqu’à satiété qu’il plaide la cause de notre intérêt. Le but évident est de noyer notre discernement sous le flot de ses arguties.

    Oui, tout cela est bel et bon, sauf la vilaine tricherie, le tour de passe-passe, certainement légal, puisque la loi s’est mise du côté des arnaqueurs.  

 

11:14 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

21/04/2012

Amputation des mots (51)

Amputation des mots

 

    La moderne manie gauloise, qui consiste à amputer les mots de plusieurs syllabes, présentera pour nos fils et filles le très enviable avantage de placer l’apprentissage du Français, ou plutôt que cela de notre volapuk, à la portée des gorilles et chimpanzés.

    Nous pourrons alors aisément communiquer avec nos frères sauvages.

    La science y gagnera beaucoup, plus particulièrement la zoologie, même si la beauté de la langue y aura tout perdu, mais chacun sait comment se préparent les omelettes… 

 

10:47 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)