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21/07/2012

Dame Indifférence...

 Dame Indifférence, impératrice  de ce monde (1)

 

    C’est à peine croyable, combien de voyants deviennent soudainement aveugles, lorsque je parais dans l’autobus, ma canne blanche à la main ! Le plus souvent, il me faut aller jusqu’au fond du véhicule, pour qu’une personne daigne me céder sa place – et même l’opiniâtreté ne paie pas toujours…

    L’indifférence, quel confort, pour l’individualisme/roi, ce frère jumeau de l’égoïsme !

    Ceci étant dit, je ne revendique pas le droit absolu à la place assise, mais je note l’hypocrite et glaciale attitude, comme le comptable qui enregistrerait une perte de revenus, l’un de ces revers de fortune qui mettent en péril l’avenir d’une entreprise ou d’un commerce.

    Personnes âgées ou non, mais qui, pour diverses raisons, vacillent ou chancellent, toutes vérifient quotidiennement l’exactitude de l’accusation.   

    Ne s’agit-il pas d’amoindrissement de la sensibilité, d’effacement de l’empathie, au profit du  dieu unique et multiforme, appelé Moi ?

 

(1)  Article paru dans la Nouvelle République du Centre Ouest, en 2009

 

09:55 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

08/07/2012

Vive l'absence de notoriété !

Vive l’absence de notoriété !

  

    Comme c’est agréable et confortable de n’être qu’un « petit » auteur ! Je sais de quoi je parle : j’appartiens à cette confrérie. Vous ne pouvez guère vous imaginer tous les avantages que donne le statut d’obscurité.

   D’abord, au cours des salons littéraires, nous ne sommes pas assaillis par des nuées d’admiratrices ou d’admirateurs, venus à la rencontre de l’idole. Cela nous repose et nous laisse tout loisir d’observer et de décrire les ridicules de nos congénères, éternelle source de cruels plaisirs.

    Les journalistes ou les animateurs à la parole très animée interrogent, avec le sérieux de l’ignorance, les vedettes nécessairement blasées par le succès. Personne ou presque ne les comprend, tant le tintamarre nous assourdit, mais de cela nul ne se soucie puisqe,  même si elles n’ont rien dit, elles ont parlé. Une célébrité qui « s’exprime » ne peut tenir que des propos intelligents et profonds, c’est bien connu.

    Auteur obscur, nul ne vous demande votre avis sur quoi que ce soit, parce que votre absence de notoriété prouve que vous n’avez rien à dire. Salutaire silence ! N’économisez-vous pas votre salive, donc aussi la dépense qu’occasionnerait l’ingestion de breuvages désaltérants, réhydratants et stimulants. Ne parlons pas de la fatigue causée par l’obligation de se labourer les neurones.

     Le rang subalterne de petit auteur est comparable à celui du figurant qui, dans les studios de cinéma, joue un rôle muet. Les sans-gloire fournissent les bataillons serrés de ceux de qui l’on attend qu’ils soient présents de corps et rien de plus.

    Jamais un critique littéraire ne lira nos livres. Par conséquent, il ne les lardera pas non plus de fausses analyses, basées uniquement sur des arguments spécieux.

    Seuls vos amis et votre famille achètent vos lamentables bouquins et ne vous en disent, généralement, que du bien. Comme vous ne gagnez pas un sou à ce jeu de dupes, vous n’en versez pas plus au percepteur.

    Ne vous avais-je pas dit que le statut de petit auteur est agréable et confortable ? 

09:33 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)

06/07/2012

Comment ?Vous avez dit... ? IV

Comment ? Vous avez dit « fourre-tout littéraire ? »

 

IV

 

 

   Puisque le temple a été investi par les marchands, puisque vendre est devenu le seul credo mondialement acceptable, au nom de la religion du libéralisme, mieux vaut être d’abord connu, pour n’importe quelle raison, puis la célébrité publiera « son » livre. La fée publicité se chargera de transformer le pire des torche-culs en ce « best-seller », dont rêvent Messieurs les fabricants de bouquins, ce succès de librairie, pour parler une langue en pleine dégénérescence, laquelle par veulerie l’on nomme « évolution ».

    Suivez la pente générale, la plus commune inclinaison, et tout ira pour le mieux.  Par exemple, avoir couché avec le Président Clinton est une assurance de publication. En fait, la bonne stratégie consiste à d’abord planifier sa vie de façon à faire parler de soi (et la réputation d’immoralité ne nuit pas, bien au contraire) ; ensuite, il suffit d’attendre l’appel de « l’éditeur » qui vous offrira le service d’un nègre, résigné à prostituer son ordinateur, pour un salaire de survie pseudo littéraire.

     Vous l’avez compris : « Hautes sources, vastes estuaires » est le livre du refus, le refus des compromissions, le refus de la déchéance travestie en Art, le refus de la honte maquillée afin de se faire passer pour l’honneur.

    C’est par dégoût des égouts que, suivant le cours du Fleuve depuis l’Estuaire, nous cherchons la Source. Nous avons soif, d’eau pure uniquement. 

   

10:23 Publié dans Essais | Lien permanent | Commentaires (0)